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Retour08 avril 2025
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
Le phare de Cap-des-Rosiers s’invite dans la campagne
CAP-DES-ROSIERS

©Archives - Gaspésie Nouvelles
À la suite de nombreux naufrages, il a fallu attendre 1858 pour que la Gaspésie soit enfin dotée de son premier phare, celui de Cap-des-Rosiers avec ses neuf étages.
Le contraire aurait été surprenant. Le dossier de la réfection complète du phare de Cap-des-Rosiers – le plus haut au Canada avec ses 34 mètres – refait surface dans la campagne électorale fédérale.
Patrimoine Gaspésie a jeté le premier pavé dans la mare vendredi, indiquant que l’infrastructure sous la gouverne de Pêches et Océans Canada (MPO) – dont Diane Lebouthillier était ministre jusqu’à tout récemment – aurait pu être intégré au parc national Forillon situé à un jet pierre. Ce qui n’a cependant pas été réalisé. « Pourquoi? D'où vient son entêtement à ne pas le faire? », se questionne le président Jean-Marie Fallu. Celui-ci rappelle que ce bien patrimonial est d'importance nationale, qu'il est classé Lieu historique national et que sa restauration et son intégration au parc national Forillon fait l'unanimité des intervenants du milieu, tant de la Ville de Gaspé et que des instances touristiques de la région.
Lors du passage de l’ex-premier ministre Justin Trudeau dans le parc national Forillon en 2017, le maire de Gaspé Daniel Côté avait insisté sur ce dossier en particulier. À cette époque, la réfection complète du phare de Cap-des-Rosiers était estimée à quelque 6,5 millions de dollars. La facture pourrait avoir triplé depuis. En 2023, la visite intérieure avait été interdite pendant la saison estivale en raison de travaux d’urgence à effectuer, ce qui avait mené à une manifestation. L’an dernier, les visites ont été réduites en raison d’une réponse tardive du programme d’emplois d’été du fédéral.
Jean-Marie Fallu aurait aimé que ce dossier soit réglé une bonne fois pour toute lorsque Diane Lebouthillier était à la tête du MPO, rappelant au passage qu’il y avait plus de 100 ans qu’aucun député fédéral de la Gaspésie n’avait été assis à la table des ministres (le dernier étant Rodolphe Lemieux, en 1911). Patrimoine Gaspésie avait déjà milité en ce sens lors des dernières élections en 2021. « Elle fut invitée à prendre le leadership de ce dossier et à en faire un enjeu électoral, ce qu’elle refusa de faire […] la ministre LeBouthillier n’a jamais cru bon de prendre réellement ce dossier en main. » L’organisation veut ainsi faire de ce dossier un enjeu électoral.

©Photo Gracieuseté Alexis Deschênes
Le candidat bloquiste devant le phare de Cap-des-Rosiers.
Le Bloc se mouille
L’idée n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Lundi, le candidat bloquiste Alexis Deschênes a saisi la balle au bond et a déclaré s’engager à tout mettre en œuvre afin que le phare de Cap-des-Rosiers soit restauré, intégré au parc national Forillon et qu’il jouisse d’un budget de fonctionnement adéquat. Il avait rencontré vendredi des membres du comité du phare de Cap-des-Rosiers ainsi que Jean-Marie Fallu.
« Par respect envers ce que nous sommes et pour mieux témoigner aux visiteurs de notre histoire, il faut le restaurer et le mettre en valeur. Pêches et Océans a lancé des travaux d’urgence en 2023, mais rechigne à investir dans sa restauration et sa mise en valeur […] Ce lieu historique national mérite un député fédéral qui agit en allié, ce qui n’a pas été le cas depuis 2015. ». Le Bloc québécois en avait également fait une priorité en 2021.
Diane Lebouthillier répond
Appelée à réagir, la candidate libérale et députée sortante dans Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine-Listuguj indique d’emblée que le phare de Cap-des-Rosiers est une icône culturelle et patrimoniale de la région. Elle rappelle que le gouvernement libéral y a investi plus de 500 000$ depuis 2023 pour les travaux de réparation d’urgence, en plus d’assurer le financement de ces emplois étudiants chaque été. « Pour être parfaitement claire : n’eût été de mon intervention lorsque j'étais ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, le phare serait encore barricadé derrière des clôtures de fer et inaccessible au public depuis juillet 2023. Pour moi, c’est exactement ça, me battre pour ma région. »
Elle confirme de surcroît que son ancien ministère continuera de le surveiller activement et de faire les vérifications nécessaires pour assurer la sécurité du site et de ses visiteurs. « Ensemble, je demeure convaincue que nous réussirons à préserver ce trésor patrimonial pour les générations futures », conclut-elle.

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
La députée sortante, la libérale Diane Lebouthillier.
Le phare en quelques détails
À la suite de nombreux naufrages, il a fallu attendre 1858 pour que la Gaspésie soit enfin dotée de son premier phare, celui de Cap-des-Rosiers avec ses neuf étages. Il a été reconnu officiellement Lieu historique national du Canada en 1974 et classé « bâtiment fédéral du patrimoine » en 1994. Il demeure au Québec – avec le phare de Pointe-au-Père et celui de Pointe-des-Monts – l’une des dernières tours dites impériales (Imperial Tower), appelées ainsi du fait qu’ils étaient les phares les plus imposants au pays. Aujourd’hui, le phare de Cap-des-Rosiers représente une icône touristique incontournable et utilisée dans leur publicité par bien des intervenants touristiques. Au fil du temps, ce phare est devenu en quelque sorte le rocher Percé de la pointe de Gaspé. *Source Patrimoine Gaspésie.
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