Santé
Retour04 mars 2025
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
Rupture de transport aux aînés; reflet d’un sous-financement chronique
GASPÉSIE

©Regroupement des CAB de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine
Les organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux de la région bénéficient d’un financement à la mission en provenance du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC); programme dont la gestion est assurée par le CISSS de la Gaspésie.
La récente décision des centres d’action bénévole (CAB) de la Gaspésie d’abolir leurs services d’accompagnement en transport pour des soins de santé aux aînés pendant tout le mois de mars est le résultat du sous-financement chronique de la mission des organismes communautaires autonomes.
C’est ce qu’affirme aujourd’hui le Regroupement des organismes communautaires Gaspésie Îles-de-la-Madeleine (ROCGIM) qui dit voir dans cette rupture un exemple de ce qui est anticipé avec la réforme de la santé en cours : une perte d’accès à des services à la population. Pour la coordonnatrice Geneviève Giguère, il s’agit ni plus ni moins que la pointe de l’iceberg.
« Depuis de nombreuses années, on interpelle le milieu communautaire pour que celui-ci pallie les trous de services en santé, le tout à moindre coût comme c’est le cas actuellement avec le service de transport accompagnement. Santé Québec exige de ses établissements des coupures drastiques. Pour des régions comme la nôtre, ça a pour conséquence que certains services à la population, qui ont survécu grâce à la bonne volonté des organismes communautaires, tombent. »
Une main tendue
L’organisation note qu’en plus de ce qu’elle qualifie de sous-financement chronique, la situation dans laquelle le CISSS de la Gaspésie et les CAB se retrouvent aujourd’hui est le résultat d’un long historique. Des tentatives répétées « et parfois réussies » de se déresponsabiliser de certains services en les confiant à des organismes communautaires et des coupures accumulées en santé au fil des réformes des 20 dernières années sont aussi cités. L’exemple des centres d’action bénévole est le premier d’une série pour la région, selon le ROCGIM.
« On a une main tendue vers le CISSS de la Gaspésie. Nous sommes une région tissée serrée, on parle à notre monde, on souhaite renforcer la région, et actuellement, en répondant à des consignes centralisées, c’est pas ça qui se passe et malgré les belles paroles de décentralisation des opérations, c’est clairement pas ce qu’on voit sur le terrain actuellement », ajoute Geneviève Giguère.

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Geneviève Giguère.
Elle estime que lorsque le CISSS de la Gaspésie opte pour ne pas reconduire le financement spécifique à ce service pour répondre à des consignes en provenance de Santé Québec, c’est toute la population de la région qui y perd; les personnes vulnérables en premier.
En rappel
Depuis le 1er mars et pour tout le mois de mars, les personnes de 65 ans et plus qui faisaient affaire avec leur centre d’action bénévole (CAB) pour un accompagnement en transport pour des soins de santé doivent se trouver une autre option.
Les huit organisations en Gaspésie ont décidé de suspendre le service en raison du manque de financement. Celles-ci indiquaient que le CISSS de la Gaspésie avait retiré son investissement annuel de 200 000$, laissant un grand vide à combler dans leur financement. Elles demandaient en fait 350 000$, alors que le coût réel serait de 485 000$. Le vieillissement de la population, les grandes distances à parcourir et l’absence de transport en commun qui répond à ces besoins spécifiques sont identifiés comme facteurs contribuant à l’augmentation des coûts.
Le CISSS de la Gaspésie a de son côté indiqué que l’aide financière octroyée aux CAB n’a pas été amputée; que le financement global du Programme de soutien aux organismes communautaires a même été rehaussé pour l’année 2024-2025, et ce que ce montant de 200 000$ était plutôt une aide d’urgence supplémentaire, mais que « la situation a évolué au cours des derniers mois et le contexte financier actuel ne nous permet pas d’en faire autant cette année ».
En réponse à cette guerre de chiffres, les CAB ont rétorqué qu’ils ont plutôt reçu en 2024-2025 entre 300$ et 450$ de plus chacun. « Il est risible de prétendre que cela règle le problème », répondaient-ils.
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