Politique
Retour09 janvier 2025
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
Diane Lebouthillier commente le départ de Justin Trudeau
GASPÉ
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
La députée et ministre Diane Lebouthillier.
La députée de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine ne s’est pas dite surprise outre mesure de l’annonce de son chef, lundi, de se retirer de ses fonctions lorsqu’un successeur serait nommé, elle qui a toujours été derrière Justin Trudeau et qui lui est restée fidèle jusqu’à la toute fin malgré les guerres intestines des derniers mois.
« Il ne faut pas être aveugle non plus. On sentait au niveau de la population, dans les rencontres qu’on fait, que des choses ne passaient plus et que l’écoute n’y était plus. Les choses ont changé depuis la pandémie; les gens sont fatigués, stressés. Il a pris sa décision et on va la respecter », a indiqué jeudi matin Diane Lebouthillier, en marge du déjeuner des affaires annuel de la SADC de Gaspé où elle était présente. Il s’agit de ses premiers commentaires publics depuis la démission annoncée de Justin Trudeau.
La députée n’avait d’ailleurs que des bons mots pour son chef et a tenu à rappeler que ce dernier n’a pas hésité à la placer à la tête du ministère du Revenu national en 2015, malgré le fait qu’elle ne parlait qu’en français (ce qui avait soulevé quelques critiques de l’opposition). « Il a mis une unilingue francophone – une petite fille de la Gaspésie – assise au conseil des ministres. Quand je regarde les retombées économiques que ç’a eues au cours des 10 dernières années pour la région, il va avoir ma reconnaissance éternelle. »
Celle qui est aujourd’hui à la tête des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne retient comme legs l’allocation canadienne pour enfants (2016), le programme de soins dentaires (2024), tous les investissements structurants et le travail de reconnaissance envers les communautés autochtones. Justin Trudeau s'est rendu à cinq reprises dans la circonscription depuis sa prise du pouvoir en 2015*.
Au pays de l’oncle Sam
Plusieurs experts – dont la chroniqueuse politique Chantal Hébert – estiment que la prochaine question de l’urne au fédéral sera de savoir quel parti est en meilleure position pour gérer la relation avec Donald Trump, qui entrera officiellement en fonction le 20 janvier. Diane Lebouthillier ne minimise pas le spectre de tarifs douaniers de 25% sur les exportations canadiennes. Au contraire.
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Justin Trudeau s'est rendu à trois reprises dans la circonscription depuis sa prise du pouvoir en 2015.
« Il faut prendre très au sérieux ce qui se passe actuellement aux États-Unis. Pour notre gouvernement, ça va demander un travail important. Avec nos fonctionnaires, on regarde tous les impacts que ça pourrait avoir. On s’attend à ce que les quatre prochaines années soient chaotiques. » Elle lance d’ailleurs un appel à travailler main dans la main avec tous les paliers de gouvernement. « Ça va demander un travail de collaboration et du fédéral, et du provincial, et du municipal. »
La ministre s’est elle-même rendue aux États-Unis (New York, Washington, Boston) une dizaine de jours en mars dernier pour rencontrer des intervenants et des représentants du gouvernement des États-Unis afin de promouvoir les produits de la mer du Canada et soutenir la croissance de l’économie océanique. En 2023, le pays a exporté pour plus de 7,6 milliards de dollars de poisson et de fruits de mer vers 115 pays, mais les États-Unis demeurent le plus important marché du Canada avec 64 % de ses exportations, d’une valeur de 4,9 milliards. Le homard continue d’être l’espèce dont la valeur à l’exportation est la plus élevée, à 2,6 milliards de dollars en 2023.
« Il faut regarder pour ouvrir de nouveaux marchés, mais je crois fondamentalement à nos ressources dans le secteur des pêches; offrir des opportunités à de nouveaux entrepreneurs tout en regardant les données scientifiques […] On a suivi l’élection américaine de très près. Depuis un an, il y a des contacts avec les Américains pour parler à nos différentes partenaires », précise Diane Lebouthillier.
Celle-ci estime que son parti (le Parti libéral du Canada) est en bonne position pour négocier avec la nouvelle administration Trump. « Les gens viennent me voir et me disent qu’ils ne veulent rien savoir des conservateurs. Je me rappelle très bien ce qu’on a vécu sous le gouvernement Harper. Ça va être des coupures; les familles, les personnes âgées et les travailleurs saisonniers vont souffrir […] Pour Donald Trump, on le prend au sérieux : c’est le président des États-Unis. Je pense que la population a besoin de cette expérience qu’on a pour passer à travers les quatre prochaines années. On doit quand même rester calmes et travailler ensemble. C’est un deuxième mandat avec Donald Trump. Je suis très contente d’avoir travaillé 25 ans en santé mentale. »
* Une première version de ce texte mentionnait que Justin Trudeau avait visité la circonscription à trois reprises. C'était sans compter deux visites aux Îles-de-la-Madeleine, portant plutôt le total à cinq.
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