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Retour25 décembre 2024
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
L'année 2024 en 10 événements marquants
LA CÔTE-DE-GASPÉ ET ROCHER-PERCÉ
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
La fermeture annoncée du bureau d'accueil touristique à Percé puis sa réouverture a été un dossier marquant en 2024.
Fidèle à son habitude, le Gaspésie Nouvelles vous présente un bilan de l'actualité de l'année qui se termine, en quelque événements marquants. Voici les 10 (et quelques autres en bonus) qui ont été retenus dans La Côte-de-Gaspé et Rocher-Percé.
©Image Commission de la représentation électorale du Québec
La proposition de carte électorale pour la Gaspésie.
1- Fusion évitée entre Gaspé et Bonaventure (pour l’instant)
Le ministre responsable des Institutions démocratiques, Jean-François Roberge, a annoncé en mars qu’un projet de loi serait présenté afin de suspendre le processus de refonte de la carte électorale. En mai, l’Assemblée nationale votait à l’unanimité en sa faveur, mettant ainsi sur pause la démarche qui suggérait de faire fusionner les circonscriptions de Gaspé et de Bonaventure. Une première bataille était gagnée, mais pas la guerre. À la fin de l’année, le Conseil des préfets et des élus de la région des Laurentides, la MRC de Brome-Missisquoi et la Table des MRC du Centre-du-Québec ont entamé une démarche afin de faire invalider cette loi qui suspendait les travaux de la Commission de la représentation électorale. La Cour supérieure a statué en indiquant qu’elle pouvait reprendre ses travaux – dont la rédaction de son rapport final, qu’elle devra conserver sous scellé – en attendant que le fond de l’affaire soit jugé, en mai.
2 - Décès de Michel Pouliot
Un autre grand bâtisseur de la Gaspésie s’est éteint en 2024. L’aviateur, hommes d’affaires et fondateur de l’aéroport de Gaspé qui porte aujourd’hui son nom, Michel Pouliot, est décédé le 29 avril à l’âge de 93 ans. L’homme aura marqué son époque avec la création en 1951 de la Transgaspésien aérien ltée, qui deviendra en 1960 Air Gaspé. Il a notamment été intronisé en 2014 au Panthéon de l’air et de l’espace du Québec. Sa biographie a été consignée dans l’ouvrage Michel Pouliot – Bienvenue à bord signée par Jacques Bouchard.
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Michel Pouliot est décédé le 29 avril.
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Le 1er septembre restera une journée sombre dans les esprits à L'Anse-au-Griffon.
3 - Incendie du Centre culturel Le Griffon
Érigé à partir d’un entrepôt frigorifique datant de 1942, le Centre culturel Le Griffon a été le symbole de prise en charge du milieu; un synonyme d’engagement citoyen et de persévérance communautaire. Sa perte totale le 1er septembre suite à un incendie accidentel a semé émois et commotions. Une vague d’amour a heureusement déferlé sur la petite équipe de bénévoles, qui a finalement décidé de reconstruire l’emblématique lieu de rencontre. Le prochain centre culturel devra cependant se trouver un nouveau lopin de terre à L'Anse-au-Griffon puisque celui sur lequel il était sis est en zone inondable. Le dossier sera à suivre en 2025.
4 - Démission de Cathy Poirier
Le 2 juillet, la mairesse de Percé a remis sa démission, évoquant notamment le climat malsain entourant les séances de conseil municipal, parlant d’harcèlement, d’attaques personnelles, d’agressions et d’intimidation, qui ont eu raison de son engagement politique. Les périodes de questions, qu’elle a comparé à des rings de boxe, n’ont pas été de tout repos dans les derniers mois et les dernières années à Percé. « Ce ne sont même pas de vraies questions. Ce sont des micro-agressions qui sont répétitives. Un moment donné, quand ça touche la famille, ça devient complètement inacceptable. Certains se plaisaient dans ce théâtre. Ça doit changer. Les autres paliers de gouvernement ne se confrontent pas comme ça directement au public », expliquait-elle alors. Après une course à cinq, puis à quatre suite au désistement d’un des candidats, Daniel Leboeuf a été élu comme nouveau maire en octobre.
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Le 2 juillet, Cathy Poirier a remis sa démission.
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Une vingtaine d’employés, de membres de la direction et d’ingénieurs ont été suspendus ou congédiés.
5 - Troubles chez LM Wind Power
Une pale de 107 mètres fabriquée à Gaspé s’est brisée en haute mer, à 15 miles au large de Martha's Vineyard et de l’île de Nantucket, au Massachusetts. Un branle-bas de combat s’en est suivi afin de savoir si d’autres pales auraient pu être affectées. Environ 150 d’entre elles ont été réinspectées et une vingtaine ont dû être désinstallées pour prendre le chemin de Cherbourg, en France, où GE Vernova a une autre usine de pales. Radio-Gaspésie a rapporté que des données à propos de la qualité auraient été falsifiées. Chose certaine, dans la foulée, une vingtaine d’employés, de membres de la direction et d’ingénieurs ont été suspendus ou congédiés suite à l’événement qui aurait coûté à la maison-mère quelque 700 millions de dollars selon Reuters.
6 - Retour du sébaste, départ (ou presque) de la crevette
Près de 30 ans après son moratoire dans le golfe du Saint-Laurent, la pêche au sébaste a été réautorisée. Le départ est cependant lent. Seulement 3,5% du total autorisé de 60 000 tonnes a été capturé. Ce n’est donc pas la panacée pour les pêcheurs de crevette nordique, qui eux subissent le déclin de la ressource. Les quotas autorisés cette année n’ont été que de 3060 tonnes, contre 14 500 tonnes l’année précédente. Ils étaient à 35 000 tonnes à la fin des années 2000. Il s’agit donc d’un effort de pêche en diminution de plus de 90% depuis cette époque. La crevette nordique est la principale espèce pêchée dans La Côte-de-Gaspé. Elle représentait des retombées économiques de 66,6 millions de dollars en 2023. Son déclin fait donc mal, à l’heure où il y a donc peu de crevette nordique à pêcher et peu d’intérêt pour le sébaste.
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Seulement 3,5% du total autorisé de 60 000 tonnes de sébaste a été capturé.
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Des investissements frôlant le milliard de dollars étaient prévus.
7 - Pas de Zone bleue
Nouvelle qui n’a pas eu un retentissement éclatant, mais les acteurs impliqués dans la Zone d’innovation de l’économie bleue entre Grande-Rivière, Sainte-Thérèse-de-Gaspé et Rimouski avaient de grandes attentes. Plusieurs étaient certains d’y parvenir. Un président-directeur général avait même été embauché. Québec a cependant décidé en octobre de passer son tour. Le soutien du secteur privé a notamment été ciblé pour motiver cette décision. Les retombées auraient été intéressantes pour le milieu, avec des investissements prévus qui frôlaient le milliard de dollars, soit quelque 750 millions sur cinq ans à Rimouski et 256 millions pour le secteur d’innovation marine en Gaspésie. La Zone bleue aurait visé à fédérer et déployer l’écosystème d’innovation bleue et durable. Les biotechnologies marines, la valorisation des ressources marines et de génie maritime, ainsi que de navigation intelligente étaient notamment visées.
8 - Pas de nouvel aréna à Gaspé
En juillet, Québec annonçait que le projet de nouvel aréna à Gaspé n’avait pas été retenu dans l’enveloppe dédiée au renouvellement des infrastructures sportives. Le projet est évalué à quelque 28 millions de dollars et sans l’aide du provincial, point de salut. L’aréna a ouvert ses portes en 1968 et est sur le respirateur artificiel, pour reprendre les mots du maire Daniel Côté. Chemin faisant, l’infrastructure a démarré ses activités 3 semaines plus tard que prévu pour ménager son vieux système de refroidissement au fréon. Le mécontentement s’est fait sentir chez les élus et jusque dans la population, qui est allée manifester devant le bureau du député Stéphane Sainte-Croix pour se faire entendre. Plusieurs sportifs se croisent les doigts pour que le projet soit retenu en 2025, contrairement aux deux années précédentes.
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Le mécontentement s’est fait sentir chez les élus et jusque dans la population, qui est allée manifester devant le bureau du député Stéphane Sainte-Croix pour se faire entendre.
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Le bureau d'accueil touristique de Percé.
9 - Bureau d’accueil touristique et compagnie
L’année n’a pas été de tout repos à Percé. Après avoir annoncé la fermeture du bureau d’accueil touristique, le conseil municipal a fait volte-face suite à la démission de la mairesse Cathy Poirier. Les élus ont aussi décidé de sabrer dans le projet de route commerciale vers le Géoparc et d’interrompre les démarches d’appel dans le dossier de la redevance touristique. Le directeur général, Jean-François Coderre, a quitté ses fonctions et a été remplacé par Michel Fréchette. Un rapport de la Commission municipale du Québec a fait état « d’une culture préoccupante relative au respect des règles applicables au sein de la Ville » ainsi que d' « un cas grave de mauvaise gestion ». Le directeur de l’urbanisme et de la gestion du territoire, Ghislain Pitre, a été congédié et conteste aujourd’hui la décision devant le Tribunal administratif du travail. En fin d’année, l’UPAC a demandé à la Ville le rapport d’enquête administrative à son sujet.
10 - Les élections à Gespeg
Ce qui ne devait être qu’une simple formalité pour nommer le nouveau chef à la tête de la Nation Micmac de Gespeg suite au départ de Terry Shaw s’est terminé en véritable épopée. Mark Sinnett a initialement été déclaré vainqueur, par une seule voix sur Yan Tapp. Après recomptage, les deux candidats étaient ex aequo. Le code électoral prévoyait un tirage au sort pour les départager. Les deux candidats ont entretemps demandé une nouvelle élection, précisant que plusieurs membres – dont des aînés – n’avaient pas été informés de cette élection. Mark Sinnett n’a pas donné suite au tirage au sort et Yan Tapp l’a emporté de facto. Celui-ci a cependant démissionné un mois plus tard. La troisième candidate, Céline Cassivi, a finalement été élue comme nouvelle cheffe. Un groupe d’aînés (photo) a ensuite recueilli plus de 300 signatures pour lui aussi demander une nouvelle élection, prétextant également que nombre d’entre eux ignoraient le vote qui avait eu lieu. Les avis par envoi postal – méthode privilégiée habituellement mais pas obligatoire – ont été remplacés par des courriels, notamment. Le code électoral est cependant clair et le conseil élu demeure en place.
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Un groupe d’aînés de Gespeg a recueilli plus de 300 signatures pour demander une nouvelle élection.
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Des investissements de 8,7 millions ont été effectués au cœur du centre-ville de Rivière-au-Renard.
Bonus #1 - La Capitale québécoise des pêches maritimes
Élus, partenaires et citoyens étaient réunis en septembre afin d’inaugurer officiellement la première phase de la Capitale québécoise des pêches maritimes à Rivière-au-Renard.
Des investissements de 8,7 millions ont été effectués au cœur du centre-ville afin de redynamiser les lieux, fortement endommagés lors des inondations de 2007 et 2010. Deux personnes avaient perdu la vie suite aux pluies torrentielles de 2007 et quelque 250 personnes avaient été évacuées, laissant une certaine fracture dans la communauté. La nouvelle promenade en bord de mer, la tour d’observation de près de 14 mètres pour voir le large, l’aire de jeux pour les enfants, l’élargissement de l’accès à la mer et la présentation immersive créée par XYZ Technologies à l’intérieur de l’ancien bâtiment des Robin laissent aujourd’hui entrevoir des jours heureux.
Bonus #2 - La seule vidéo connue de La Bolduc
Le Musée de la Gaspésie a dévoilé en février un trésor d'archives jamais présenté au grand public : la seule vidéo existante de La Bolduc. La découverte de cette bobine 8 mm, soigneusement préservée par feu l'actrice Andrée Boucher, est un précieux artefact considérant l’héritage de cette fière Gaspésienne encore aujourd’hui. L’extrait dure une douzaine de secondes à peine. Sur la vidéo, Mary Travers est radieuse, même si ultimement elle décèdera d’un cancer l’année suivante, en 1941, à l’âge de 46 ans. La vidéo peut toujours être visionnée au Musée de la Gaspésie.
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Une exposition sur La Bolduc peut toujours être vue au Musée de la Gaspésie.
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La Villa Frederick-James est accessible au public depuis le 17 août.
Bonus #3 - Ouverture de la Villa Frederick-James
Reculée de 19 mètres en 2022, préservée et augmentée d’un rez-de-jardin, la Villa Frederick-James est accessible au public depuis le 17 août. Il y a belle lurette que monsieur et madame Tout-le-Monde n’ont pu apprécier l’étendue de cette pittoresque propriété aménagée sur le cap Canon dès 1888, étant l’une des pièces maîtresses du décor de Percé depuis plus de 135 ans. Si le projet des Espaces bleus a été relégué aux oubliettes, il aura au moins eu l’avantage de conserver ce pan de l’histoire. Restera à savoir ce qu’il adviendra de la vaste pièce de 170 mètres carrés qui peut accueillir des artefacts de collection muséologique grâce à des équipements à la fine pointe de la technologie.
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