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Retour11 décembre 2024
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
La MRC veut devenir un pôle de la construction navale
LA CÔTE-DE-GASPÉ
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Ultimement, le but est de profiter des retombées économiques qui percoleront des 2,5 milliards de dollars prévus dans la stratégie nationale dans le créneau des petits navires de moins de 1000 tonnes au cours des 25 prochaines années.
La MRC de La Côte-de-Gaspé n’a pas l’intention de rester les bras croisés en regardant le navire passer. Elle veut obtenir sa part du gâteau de la Stratégie nationale de construction navale adoptée par Ottawa en 2010 en mettant sur pied une grappe industrielle régionale.
Concrètement, une ressource dédiée à ce dossier sera engagée cet hiver et un colloque en construction navale devrait suivre au printemps. Ces deux premières étapes ne sont que le commencement d’une série d’actions qui devraient être déployées dans les cinq prochaines années.
Ultimement, le but est de profiter des retombées économiques qui percoleront des 2,5 milliards de dollars prévus dans la stratégie nationale dans le créneau des petits navires de moins de 1000 tonnes au cours des 25 prochaines années. Pour l’instant, environ 450 millions de dollars en contrats ont été attribués à plus de 850 entreprises d’un océan à l’autre, laissant encore beaucoup de contrats à venir.
« L’idée c’est de réunir les entreprises qui peuvent graviter autour de la construction navale : ateliers de soudure, mécanique, électronique. On veut montrer les potentiels qu’il y a, voir comment elles peuvent même sous-traiter pour d’autres joueurs », explique le directeur général de la MRC, Bruno Bernatchez.
En groupe
La Côte-de-Gaspé indique ne pas vouloir faire cavalier seul, invitant les autres MRC de la région et même de la province à tous travailler de pair. « Ce n’est pas une question de compétition. On ne veut pas prendre la place de personne; on veut juste prendre notre place », précise Bruno Bernatchez.
La Gaspésie pourrait ainsi se greffer aux villes de Sorel-Tracy, Lévis et Saguenay, qui pas plus tard qu’en septembre ont annoncé une entente afin de favoriser le développement de l’industrie navale dans la province. Le tout survenait lors de la Conférence annuelle de Naval Québec, à laquelle assistaient d’ailleurs des représentants de la Gaspésie. Le triangle Sorel-Tracy, Saguenay et Lévis laissait déjà entendre qu’il pourrait se transformer en une « constellation » dans le domaine. Le tout a été bien accueilli par les acteurs du milieu, dont le Chantier Davie.
Ce dernier a été le troisième partenaire stratégique nommé en 2023 dans le cadre de la Stratégie nationale de construction navale (les autres étant en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse).
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Le directeur général de la MRC La Côte-de-Gaspé, Bruno Bernatchez.
« On veut travailler avec eux pour avoir le maximum de contrats au Québec. Il n’y a pas de compétition parce qu’on n’est pas dans la même catégorie de navires. Jusqu’à présent, les contrats sont surtout allés dans l’ouest et l’est du pays », précise Bruno Bernatchez.
D’autant plus que Gaspé et la région ont une riche histoire de construction navale. Plus de 550 navires ont été construits en Gaspésie entre la Conquête (1760) et la fin du XIXe siècle, principalement à Sainte-Anne-des-Monts, Paspébiac et Gaspé.
L’historien Mario Mimeault notait en 2002 que le plus ancien navire enregistré à Gaspé est le Trial. Il s’agit d’une goélette de 45 tonneaux construite à Penouille en 1805.
Aujourd’hui, le Chantier Naval Forillon opère deux sites à Sandy Beach et Rivière-au-Renard. Le village accueille aussi le Chantier naval MM. Un autre acteur, Les Bateaux en Aluminum Drody, évolue à Douglastown.
« Il y en a toujours eu dans les dernières décennies et on a du potentiel avec les électromécaniciens, les soudeurs, l’ingénierie ou l’architecture navale. Sans trop s’en rendre compte, on constate qu’on est un pôle intéressant. On se positionne donc aujourd’hui formellement dans la stratégie navale nationale dans la construction et l’entretien de bateaux », résume le préfet de La Côte-de-Gaspé, Daniel Côté.
« On veut se servir des soubresauts qu’on connaît comme tremplin vers une nouvelle économie. Je crois en nous, notre expertise, nos entreprises et nos travailleurs, notre force et notre solidarité. »
Plusieurs autres entreprises gravitent dans le domaine dans la région, que ce soit Conception navale FMP à Newport ou le Groupe Océan à Les Méchins (qui a acquis le Chantier maritime Verreault en 2022).
Le président-directeur général du Chantier Naval Forillon – qui actuellement construit des navires allant jusqu’à 800 tonnes – voit d’un bon œil la volonté de la MRC de mettre sur pied une grappe industrielle. « On veut avoir de l’aide, des entreprises qui vont se développer et qui vont pouvoir venir travailler avec nous […] Dans la réparation par exemple, le potentiel est énorme. Il faut faire travailler tout le monde ensemble », conclut Jean-David Samuel.
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