Politique
Retour18 novembre 2024
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
Le veto du maire renversé par les conseillers
PERCÉ
©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Le maire de Percé, Daniel Leboeuf.
Les membres du conseil municipal de Percé ont voté à majorité (7 contre 1) pour l’envoi d’une lettre à la ministre des Affaires municipales concernant le rapport déposé plus tôt par la Direction des enquêtes et des poursuites en intégrité municipale (DEPIM).
Le 5 novembre, le maire fraîchement assermenté Daniel Leboeuf avait apposé son veto, expliquant devoir avoir davantage de temps pour analyser les tenants et aboutissants de la missive.
Celle-ci demande notamment une rencontre avec les enquêteurs de Commission municipale du Québec pour se faire entendre et mieux comprendre leurs conclusions. Le Protecteur du citoyen est également interpellé. Rappelons que la DEPIM avait déposé en juillet un rapport qui stipulait « un cas grave de mauvaise gestion » à la Ville de Percé. Il était aussi mentionné que le conseil municipal « ne semble pas réaliser l’ampleur de la situation ou manifester la volonté de la redresser ».
En séance extraordinaire ce 13 novembre, Daniel Leboeuf a maintenu sa position, aboutie après deux jours de réflexion. Le maire précise que la missive de cinq pages adressée à la ministre contient plusieurs éléments discutables et des allusions délicates: manque de probité, injustice, mauvais argumentaire, maladresse.
« Ce n’est pas très diplomate envers les personnes qui sont venues passer du temps ici […] Je trouve que ça pourrait porter préjudice à la Ville et son conseil dans nos rapports avec le MAMH [le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation] pour des raisons de forme et de fond […] Nous ne sommes pas pour demander à la ministre de remettre en question le travail de la DEPIM. Ça serait démontrer qu’on n’a pas compris l’un de leur constat; qu’on avait mal compris le rôle du conseil, nos responsabilités, nos devoirs et les limites de notre capacité. Je remets en question cette résolution. »
Le droit de veto du maire n’est cependant pas définitif, mais suspensif. Il peut être renversé si la majorité absolue des membres du conseil adopte à nouveau la décision, ce qui a été fait mercredi par la majorité des conseillers.
« J’affirme ma volonté et ma solidarité envers les citoyens et membres du conseil municipal de Percé qui eux aussi veulent plus d’explications », explique le conseiller Michel Rail, qui a voté pour l’envoi de la lettre. « Ça dit qu’on est insouciants. Ce n’est pas vrai du tout », renchérit la conseillère et mairesse suppléante, Doris Réhel.
Le conseiller du secteur de L’Anse-à-Beaufils aurait de son côté aimé avoir la chance de s’expliquer aux enquêteurs. « Personne de nous n’a été rencontré [par la DEPIM]. On n’a pas eu la chance de se défendre; on n’a pas été questionnés, on n’a pas pu dire ce qu’on avait à dire. En partant, on est lésés dans nos droits et on ne mérite pas d’avoir un bâillon de s’empêcher de s’exprimer », explique Yannick Cloutier.
« Dans le rapport de la Commission municipale, ce n’est pas 100% du mensonge ni 100% la vérité. Il y a des choses qu’on ne peut pas prendre à la légère, mais la lettre dit ce que ç’a à dire », ajoute la conseillère Shanna Roussy. Seule voix dissidente, Allyson Cahill-Vibert s’est dite contre l’envoi de la missive, mais s’est ralliée à la majorité du conseil municipal. La lettre sera donc envoyée.
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