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Retour12 novembre 2024
Urgence pour protéger le caribou forestier et entreprendre la transition économique
GASPÉSIE
©depositphotos.com - Gaspésie Nouvelles
Au dernier décompte officiel, il ne restait plus que 24 caribous dans les Chic-Chocs.
Guillaume Roy, Initiative de journalisme local
Avec un fort consensus scientifique, l’Association des biologistes du Québec (ABQ) demande au gouvernement du Québec d’étendre les projets de protection à la toutes les hardes de caribous forestiers et montagnards en péril. L’organisation estime que Québec doit ainsi entreprendre une transition économique durable.
En avril dernier, le gouvernement Legault a présenté deux projets pilotes pour la protection des hardes de Charlevoix et de la Gaspésie, repoussant l’adoption de mesures de protection ailleurs au Québec.
L’ABQ salue l’effort pour lancer les projets pilotes, mais elle estime que les efforts gouvernementaux sont insuffisants. «Le consensus scientifique est sans équivoque en ce qui concerne le déclin du caribou, soutient Amélie Goulet, vice-présidente de l’ABQ. C’est une des espèces animales les plus étudiées. Les causes de son déclin sont bien connues et il faut réduire la présence anthropique pour favoriser son rétablissement».
«Ça fait plus de 30 ans que le gouvernement fait des études sur le caribou, dit-elle. Il y a beaucoup de papier, mais aucune action concrète. L’ABQ veut réitérer l’urgence de protéger les 14 populations en péril et pas seulement celles de la Gaspésie et de Charlevoix».
L’ABQ a déposé un mémoire pour défendre ce point de vue dans le cadre des consultations publiques du gouvernement du Québec sur les projets pilotes visant la protection des populations de caribous forestiers de Charlevoix et de caribous montagnards de la Gaspésie.
Une opportunité de transition économique durable?
L’ABQ estime qu’il faut revoir la façon de faire de la foresterie en mettant en place une transition économique durable. «Il existe une opportunité pour revoir les subventions et créer de nouveaux emplois», remarque Amélie Goulet, sans vouloir minimiser l’importance socioéconomique de la foresterie.
La Société pour la nature et les parcs Québec lançait récemment un message similaire, en sommant Québec de profiter des 465 millions de dollars offert par le gouvernement fédéral pour la protection de la nature au Québec.
«L’argent du fédéral ne fait pas le poids»
Selon une étude réalisée par Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), ce montant sera nettement insuffisant, car les impacts du décret présenté par Ottawa pour protéger le caribou s’élèvent à 6,5 milliards de dollars sur 10 ans. «L’argent du fédéral ne fait pas le poids», estime Jean-François Samray, le président directeur général du CIFQ.
Ce dernier estime tout de même que le territoire québécois est suffisamment grand pour permettre de protéger le caribou, de faire de la foresterie et des activités de récréotourisme. «Tout dépend d’où et comment», ajoute-t-il.
Peu importe où se trouveront les sites à protéger, le gouvernement devra investir massivement pour favoriser la transition économique et pour rendre nos forêts plus productives. «Investir en sylviculture fait partie de la solution, mais on ne voit aucun argent pour y arriver», note Jean-François Samray, qui croit que Québec aurait dû investir en sylviculture il y a plusieurs années déjà pour prévoir l’impact de la protection du caribou forestier.
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