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15 octobre 2024

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Non à la zone d’innovation

GRANDE-RIVIÈRE

Grande-Rivière

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

L’an dernier, des investissements qui frôlaient le milliard de dollars avaient été évoqués, soit quelque 750 millions de dollars sur cinq ans à Rimouski et 256 millions pour le secteur d’innovation marine en Gaspésie.

La zone d’innovation de l’économie bleue conjointe entre Grande-Rivière, Sainte-Thérèse-de-Gaspé et Rimouski ne verra pas le jour.

Québec a finalement décidé de passer son tour. Le soutien du secteur privé a notamment été ciblé pour motiver cette décision. « Il manquait essentiellement de l’investissement privé concret en matière de projets », résume le député de Gaspé, Stéphane Sainte-Croix.

L’an dernier, des investissements qui frôlaient le milliard de dollars avaient été évoqués, soit quelque 750 millions sur cinq ans à Rimouski et 256 millions pour le secteur d’innovation marine en Gaspésie. En campagne électorale, le premier ministre François Legault s’était montré ouvert face à cette zone d’innovation, à condition que le privé appuie la démarche du public. Ce critère essentiel avait été réitéré récemment lors de son passage à Rimouski.

Le maire de Grande-Rivière, Gino Cyr, indique que les particuliers ne manquaient pas. Il avait par exemple dans ses cartons deux projets porteurs en aquaculture. La présence d’un grand acteur international aurait cependant contribué au refus de Québec de s’engager. « Des investissements privés, on en avait, mais pas des Boeing ou des Northvolt. On misait davantage sur les PME et nos industriels. On trouvait que c’était porteur. Au niveau administratif, on avait passé le processus au complet. En ce qui me concerne, c’est une décision qui appartient au politique. »

Le contexte économique aurait aussi été ciblé pour expliquer le refus. Plus 400 millions de dollars ont été retranchés du budget des écoles québécoises, révélait cet été Le Devoir. Un frein a aussi été mis pour la réfection de bâtiments au collégial. Le gouvernement du Québec estime en fait son présent exercice financier à un déficit de 7,5 milliards dollars.

Le maire de Rimouski, Guy Caron, abonde dans le même sens que son collègue de Grande-Rivière. « Nous savons que notre dossier de candidature était de haute qualité et tous les analystes du gouvernement nous ont confirmé que nous avions passé avec succès les demandes du processus administratif. Le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie avaient décidé de rallier les forces des deux régions autour d’un projet commun à la demande du gouvernement. »

Poursuivre les efforts

 

Le conseil d’administration de l’organisme sans but lucratif la Zone bleue a appris en début de semaine dernière lors d’une rencontre avec le sous-ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie qu’elle n’obtiendrait pas la désignation espérée, malgré ses démarches de plus de quatre ans.

Le ministère a ouvert la porte à ce que Rimouski et Grande-Rivière convertissent l’un de leurs projets en Centre d’innovation à l’aide des sommes déjà promises à la Zone bleue pour la coordination du projet; une somme d’environ 150 000 $, mais Québec ne financera pas la création d’une grappe industrielle plus ambitieuse.

« C’est une décision rationnelle, qui honnêtement n’a pas été facile. On ne jette pas la serviette, mais on reconsidère une approche plus susceptible de répondre à nos enjeux. On tourne la page, on regarde en avant et on fait les choses différemment pour la suite des choses », précise Stéphane Sainte-Croix.

Gino Cyr

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Le maire de Grande-Rivière, Gino Cyr.

Rappelons que la zone d’innovation de l’économie bleue visait les biotechnologies marines, la valorisation des ressources marines et de génie maritime, ainsi que de la navigation intelligente. Globalement, les zones d’innovation visent à attirer – dans des territoires délimités – des talents, des entrepreneurs, de grands donneurs d’ordres ainsi que des chercheurs du Québec et d’ailleurs.

Ce faisant, la Zone bleue est d’avis que son projet ne peut pas être abandonné si rapidement. « Les parties prenantes de tous les milieux concernés ont bâti une synergie qui nous permet de travailler vers le succès. Nous faisons le pari de poursuivre les efforts déjà entrepris », indique Guy Caron.

« On croit fermement au développement de l’économie bleue; aux compétences, à l’expertise et aux opportunités qui s’offrent à nous, rajoute le député Sainte-Croix. Mais pour ce qui est d’atteindre les conditions rattachées à un concept d’investissement de la zone bleue, nous ne serons pas au rendez-vous. »

« Malgré la nouvelle, les gens veulent continuer le suivi, remarque Gino Cyr, qui se montre cependant visiblement déçu. La filière n’est pas aussi mature que l’aérospatiale, mais l’avenir était devant nous et toutes les opportunités étaient là pour 10 ou 15 ans… »

D’autant plus que le projet de Carrefour de l’innovation en pêches et aquaculture, géré par Merinov, suit son cours à Grande-Rivière grâce à des investissements de 31,2 millions de dollars. L’École des pêches et de l’aquaculture du Québec, les industriels, les pêcheurs et le réseau en place auraient pu permettre une synergie digne du XXIe siècle selon le maire de Grande-Rivière.

 « On voyait de belles opportunités. On veut développer les chantiers du futur […] Il est regrettable que le gouvernement du Québec ne reconnaisse pas cet écosystème riche en connaissances, en savoir-faire et en opportunités économiques, ancré dans l’est du Québec. Le marché de l’économie bleue devrait atteindre 3 000 milliards de dollars américains d’ici 2030. C’est justement pour prendre avantage de ces opportunités que les administrateurs de la Zone bleue poursuivront leurs efforts pour créer cette grappe industrielle prometteuse », conclut Gino Cyr.

Les autres zones d’innovation

 

DistriQ – Sherbrooke – Technologies quantiques

Espace Aéro – Longueuil, Mirabel, Montréal – Aérospatial

Technum Québec – Bromont – Systèmes électroniques intelligents

Vallée de la transition énergétique – Bécancour, Shawinigan, Trois-Rivières – Transport vert

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