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08 octobre 2024

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Diane Lebouthillier gonflée à bloc

NEWPORT

Diane Lebouthillier

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Diane Lebouthillier lors de sa plus récente réélection.

Le 26 juillet 2023, Diane Lebouthillier a officiellement été nommée comme ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne (MPO). Près de 15 mois plus tard, elle est toujours aussi motivée par son nouveau mandat, malgré les défis et les écueils.

Le parcours de la députée de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine n’a pas été un long fleuve tranquille depuis son changement de ministère, du Revenu national au MPO. Crise de la crevette nordique, réouverture de la pêche au sébaste dans le Saint-Laurent et de la morue au nord de Terre-Neuve-et-Labrador, moratoire sur le hareng de printemps et le maquereau, nouveaux permis de pêche exploratoire du homard sur la Côte-Nord : plusieurs dossiers ont touché directement les populations côtières, à leur dam ou à leur joie, selon les points de vue. La principale intéressée ne s’en cache pas; il est impossible de satisfaire tout le monde dans un contexte de changements climatiques et de métamorphose de l’industrie.

« Chaque fois que tu prends une décision, ç’a un impact socioéconomique sur le milieu. À chaque fois, les gens vont réagir et je les comprends. Tu touches au pain et au beurre des gens, à leur portefeuille. C’est sûr que ce n’est pas facile. On voudrait que tout le monde soit content tout le temps, mais c’est impossible. Il faut développer une économie, mais en même temps protéger la ressource », convient-elle.

@ST:Demandez et vous recevrez

@R:Depuis sa victoire en 2015, Diane Lebouthillier a souvent été interpellée de près ou de loin par le caucus libéral pour les dossiers de pêche au Québec, qui se concentrent essentiellement dans sa circonscription de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine. Dans les circonstances, elle a levé la main l’an dernier pour signifier son intérêt d’être à la tête du MPO, un des ministères comptant le plus de fonctionnaires (14 716).

« Je savais ce qui s’en venait avec les changements climatiques. Je préférais que ce soit quelqu’un qui baigne dans le milieu, plutôt que d’avoir quelqu’un qui vient de Toronto ou de Montréal, puisque j’ai déjà mes entrées un peu partout. C’est important d’avoir ce lien entre les pêcheurs sur le terrain et les fonctionnaires, la science et les communautés autochtones. C’est important de tout imbriquer ces éléments-là ensemble. »

L’étendue de la tâche est cependant colossale, avec les différentes spécificités inhérentes aux pêches. L’élue tente de naviguer dans des eaux parfois troubles, gardant en tête que l’immobilisme n’est pas une option viable. « On a vu où ça nous a mené dans la crevette. On ne peut pas vivre le supplice de la goutte d’eau tout le temps. On doit prendre des décisions. Si on garde le statu quo, ça ne marchera pas. »

La ministre se rappelle encore l’impact du moratoire de la morue; elle avait à l’époque 30 ans et travaillait dans le domaine de la santé mentale, dans son village natal de Newport. Un épisode qu’elle qualifie de catastrophique. « J’ai toujours ça en tête et ça alimente la réflexion. Je ne pensais jamais devoir revivre ça avec ce qui s’est passé avec la crevette nordique. »

Elle précise qu’en contrepartie, sept pêches en un an ont été commercialisées (comme le concombre de mer) ou encore sont en expansion au sein de son ministère. « Ç’a été une énorme année. On a pratiquement déplacé des montagnes! »

Le phoque, une priorité

 

Diane Lebouthillier a fait sourciller quelques personnes cet été lorsqu’elle a comparé les phoques à des rats. C’est que la libérale veut ramener l’enjeu de sa chasse commerciale et développer les exportations. L’Union européenne a interdit en 1983 l’importation de certaines peaux de bébés phoques en réponse aux préoccupations de nombreux citoyens concernant le bien-être animal. En 2009, elle a introduit une interdiction générale de mise sur le marché des produits dérivés du phoque, à deux exceptions près.

Ici, la plus récente évaluation des stocks a recensé quelque 25 200 phoques communs dans les eaux canadiennes de l’Atlantique. Diane Lebouthillier assume d’ailleurs pleinement son comparatif. « Un phoque, ça mange tout ce que ça trouve. Ça va même souvent manger la meilleure partie sur le produit, que ce soit la morue ou le saumon. Tout le monde dans le secteur a compris ce que j’ai dit. Les phoques mangent le pain et le beurre des pêcheurs. Je ne suis pas surprise que le monde de la ville n’a pas compris, mais j’ai le même discours avec le sous-ministre et les fonctionnaires. C’est une espèce qui est partout qu’on peut se permettre d’exploiter. On ne veut pas la détruire, mais avoir un certain contrôle. »

Phoque

©Stéphane Quintin - Gaspésie Nouvelles

L’Union européenne a interdit en 1983 l’importation de certaines peaux de bébés phoques.

Elle dresse d’ailleurs un parallèle avec la valorisation au fil des ans de la pêche au crabe des neiges et du homard, deux espèces qui représentent aujourd’hui près de 90% des valeurs de débarquement au Québec. « Je me rappelle qu’au temps de mon père, les pêcheurs de morue amenaient des sacs à vidange de crabes pour engraisser les terrains. On ne verrait plus ça évidemment, mais est-ce qu’on peut se servir de nos réussites antérieures pour aller de l’avant? C’est une priorité pour moi. Il y a une économie à développer là. »

Modèle à revoir

 

La ministre est demeurée dubitative suite à sa première visite cette année à la Seafood Expo de Boston, la plus grande foire du monde des pêches où se négocient des ententes sur les produits de la mer. « J’en suis sortie assez perplexe, admet-elle. On a une population mondiale qui augmente, avec les grossistes qui en demandent plus aux transformateurs qui eux mettent de la pression sur les pêcheurs. Comment on va y arriver? On est tous dans le même grand garde-manger au final. Il y a des limites à la capture. Cet aspect des pêches devient important. Les 10 ou 15 prochaines années vont demander beaucoup de résilience. Il va falloir penser les pêches autrement; utiliser au maximum les produits dans une économie circulaire. »

La pêche en aquaculture sera d’ailleurs l’une de ses priorités dans les prochains mois, en marge du réchauffement des eaux et de leur acidification. Elle continuera aussi de plancher sur les ports pour petits bateaux, une priorité qu’elle porte depuis longtemps.

Visiblement, la députée a beaucoup de pain sur la planche, mais les défis ne semblent pas l’effrayer. Et ce malgré les sondages qui ne sont pas à l’avantage des libéraux actuellement, dans une lutte qui sera chaude lors des prochaines élections en Gaspésie. « Je suis foncièrement motivée dans la vie. Il y a des défis, mais aussi des solutions. De 0 à 10, je suis motivée à 15! »

Commentaires

16 octobre 2024

ANNETTE FULLUM

"UNE PRIORITÉ QU'ELLE PORTE DEPUIS LONGTEMPS" EST-CE QUE ÇA BOUGE ? POURRIEZ-VOUS ÉNUMÉRER LES VRAIES DÉCISIONS CONCERNANT LA PÊCHE OU AUTRES, DU CONCRET, LES VRAIES CHOSES. MERCI !

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