Carrières Avis de décèsÉdition Électronique Infolettre

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Actualités

Retour

11 septembre 2024

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Le premier ministre né à Percé presque oublié

EDMUND JAMES FLYNN

James Edmund Flynn

©Photo Dictionnaire biographique du Canada

Edmund James Flynn est devenu le 10e premier ministre du Québec le 11 mai 1896.

Si d’aventure quelqu’un vous demandait de nommer un premier ministre du Québec originaire de la Gaspésie, les chances sont plutôt fortes que la réponse soit René Lévesque. Et avec raison.

Il y aurait cependant une alternative, moins connue : Edmund James Flynn. Celui-ci a été le 10e premier ministre du Québec, du 11 mai 1896 au 24 mai 1897, soit pendant un peu plus d’un an.

Aujourd’hui, peu de traces témoignent de son histoire. Une plaque a été inaugurée en son honneur en 2002 à Percé, en présence du maire de l’époque, Raymond Sheehan, et du député de Gaspé, Guy Lelièvre. Elle est toujours sur place aujourd’hui, sur le sentier parallèle à la mer, entre l’arrière du musée Le Chafaud et la rue du Mont-Joli. Une rue porte également son nom à Chandler. Mais pour plusieurs, l’homme est tout à fait inconnu.

Ses débuts

 

Fils d’un pêcheur né en Irlande et d’une mère d’origine guernesiaise, Edmund James Flynn est né à Percé en 1847. Il a ensuite étudié au Séminaire de Québec de 1860 à 1865, avant d’occuper différentes fonctions administratives de 1867 à 1869, notamment comme greffier adjoint à la Cour du banc de la reine et comme secrétaire-trésorier à la Ville de Percé. Il poursuit ses études en droit à l’Université Laval de 1871 à 1873, avant d’être admis au Barreau en septembre de cette année-là. Il enseignera d’ailleurs à son alma mater jusqu’à sa mort, ayant également obtenu un doctorat en droit en 1978, à l’âge de 31 ans.

Très jeune, il se découvre aussi une passion pour la politique. Il se présente notamment comme candidat aux élections fédérales de 1875, dans la circonscription de Gaspé, sous la bannière libérale. Il sera cependant battu cette année-là, ainsi que deux ans plus tard lors d’une élection partielle. Sa première consécration politique survient le 1er mai 1878, lorsqu’il est élu sans opposition, toujours comme libéral dans la circonscription de Gaspé. Son parti prend également le pouvoir, avec en tête Henri-Gustave Joly. L’Assemblée législative compte cependant un nombre égal de députés libéraux et conservateurs, comme le note Marc Desjardins dans le Dictionnaire biographique du Canada, dont ce texte est basé en majeure partie.

« Joseph-Adolphe Chapleau, chef de l’opposition, fait alors des offres à certains députés libéraux pour les convaincre de laisser tomber Joly et de rompre l’équilibre des sièges en faveur des conservateurs. Flynn reçoit probablement des propositions précises de Chapleau. Le 29 octobre 1879, avec quatre collègues libéraux, il vote pour la proposition qui réclame la mise en place d’un gouvernement de coalition. Il se prononce ainsi contre son parti, qui souhaite plutôt l’abolition du Conseil législatif. En rejoignant les rangs du Parti conservateur, ces députés rendent minoritaire le gouvernement de Joly, qui doit démissionner. Le nouveau premier ministre, Chapleau, règle ses dettes et accorde au transfuge de Gaspé le portefeuille des Terres de la couronne. » Il sera plus tard élu comme conservateur en 1879, 1881, 1884 et en 1886.

Edmund James Flynn

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Une plaque commémorative a été inaugurée en l’honneur de James Edmund Flynn en novembre 2002.

L’ascension

 

Fait particulièrement intéressant, aux élections provinciales de 1892, il pose sa candidature dans la circonscription de Gaspé ET dans celle de Matane. Les règles de l’époque permettaient ce genre de situation. Visiblement fort populaire en Gaspésie, il sera élu aux deux endroits et choisira Gaspé.

En mai 1896, le premier ministre Louis-Olivier Taillon décide de faire le saut au fédéral Ottawa pour devenir maître général des Postes. Joseph-Adolphe Chapleau, maintenant lieutenant-gouverneur, jette son dévolu sur le Gaspésien, qui, le 11 mai 1896, devient le 10e premier ministre du Québec. Le parti conservateur perdra cependant les élections, bien que Flynn soit réélu par seulement 11 voix dans Gaspé.

Mine de rien, c’est un Gaspésien, Edmund James Flynn, qui aura été à la tête du dernier gouvernement conservateur au Québec. Le parti ne reprendra jamais le pouvoir ensuite, bien que l’Union nationale – issu de la coalition du Parti conservateur et de l’Action libérale nationale – ait été portée au pouvoir ensuite. Il sera chef de l'opposition de 1897 à 1904 et ne se représentera pas de nouveau cette année-là. Il mourra à Québec le 7 juin 1927, à l'âge de 79 ans, et sera inhumé à Sainte-Foy.

« Plus à l’aise à la cour ou en classe que sur une tribune politique, Edmund James Flynn était un politicien consciencieux, renommé pour sa méticulosité, sa connaissance des dossiers et sa maîtrise de l’argumentation, note Marc Desjardins, toujours dans le Dictionnaire biographique du Canada. Ce professeur de droit a accompli un travail de législation très valable, en particulier au département des Terres de la couronne. Homme de bonne élocution, habile et convaincant, il était particulièrement à l’aise avec les questions constitutionnelles. Il savait faire preuve de pondération ; sa prudence le faisait même souvent hésiter avant de passer à l’action. Son instinct politique, sa sensibilité aux humeurs de l’électorat, sa vision des grands enjeux de société ainsi que sa combativité se résumaient cependant à peu de chose. Sans lustre, effacé et flegmatique, pour ne pas dire austère, cet homme politique de transition, qui ne maîtrisait pas le sens de la formule, a accédé au poste de premier ministre de la province de Québec à un bien mauvais moment. Il ne pouvait rivaliser avec des personnalités charismatiques comme Laurier, Joseph-Israël Tarte ou même Marchand. »

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média