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20 août 2024

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Les études se poursuivent pour le dénoyage de la fosse Copper

MURDOCHVILLE

Osisko Murdochville

©Photo fournie par Gino Boucher

Des échantillons d’eau additionnels seront prélevés dans la fosse du Mont Copper à partir de la surface jusqu’au fond de la fosse, soit à 180 m de profondeur.

Comment dénoyer une fosse de 35 millions de mètres cubes d’eau cuivrée sans altérer l’habitat naturel du saumon dans la rivière York? Voilà une question intéressante que plusieurs se posent, dans l’éventualité d’une relance des activités minières à Murdochville.

Dans sa plus récente mise à jour de juillet, Métaux Osisko rappelle que des études se poursuivent pour assurer un dénoyage sécuritaire de la fosse Copper. Des échantillonnages ont déjà été pris jusqu’à 140 mètres de profondeur, qui font état d’une concentration de cuivre dans l’eau de 65 à 70 microgrammes par litre. Est-ce beaucoup? Ça dépend.

Selon les recommandations pour la qualité de l'eau potable du gouvernement du Canada, une concentration de cuivre jusqu’à 2000 microgrammes par litre est acceptable. Au Québec, le Règlement sur la qualité de l’eau potable permet une concentration maximale de 1000 microgrammes par litre. Autrement dit, vous pourriez boire l’eau de la fosse sans aucun problème, à la lumière des taux de cuivre à tout le moins.

Les critères sont cependant de beaucoup resserrés lorsque vient le temps d’incorporer de l’eau dans un milieu hydrique et son écosystème. Selon la directive 019 sur l’industrie minière – élaborée par le gouvernement provincial et dont la dernière mise à jour remonte à 2012 – la concentration moyenne mensuelle acceptable est de 300 microgrammes de cuivre par litre. Encore là, ça va.

Mais le ministère de l’Environnement va plus loin avec le critère de vie aquatique chronique – le CVAC – qui représente un bon estimé du seuil sans effets indésirables d'une substance. Le ministère a établi des critères de qualité pour plusieurs métaux, dont le cuivre, qui varient en fonction de la dureté de l’eau.

Le Conseil de l’eau du nord de la Gaspésie évalue que la dureté de l’eau de la fosse Copper pourrait être comprise entre 100 et 200. Selon les données du ministère, le critère de qualité pour la protection de la vie aquatique pourrait donc se situer entre 9,3 et 17 microgrammes de cuivre par litre, maximalement. C’est en deçà des 65 à 70 microgrammes calculés jusqu’à présent. « C’est très peu, mais pour une rivière à saumon, il faut baisser le taux davantage. C’est quand même trop contaminé pour les saumons. C’est ce que les chercheurs nous disent, alors tout ça est à évaluer », convient Robert Wares, le chef de la direction et président du conseil d'administration de Métaux Osisko, dans une entrevue réalisée en mai avec le Gaspésie Nouvelles.

Tout ça dans l’optique où ce sont ces mesures qui seront utilisées, si jamais l’autorisation environnementale était autorisée pour la relance des activités minières. « Ces critères sont prévus être bons pour toutes les formes de vie aquatique, même les plus sensibles, explique Thierry Ratté, codirecteur du Conseil de l’eau du nord de la Gaspésie. S’ils sont respectés, ça devrait faire l’affaire. Après ça, qui va déterminer la valeur acceptable? C’est peut-être le ministère de l’Environnement qui devra le faire. Ça reste à confirmer. Le plus gros défi technique présentement n’est pas nécessairement le dénoyage, mais comment faire baisser le taux de cuivre avant de la renvoyer. »

Pour l’instant, diverses avenues sont étudiées, comme traiter l’eau de la fosse sur place. Mais encore faut-il que ce soit faisable et commercialement viable. Ou bien détourner l’eau vers un autre bassin versant – ce qui pourrait être difficile – mais rien n’a encore été décidé. « On a des consultants qui nous proposent différentes idées en ce moment. On attend des propositions. Ce sont beaucoup de tests et d’études. On n’est pas en position pour l’instant de dénoyer la fosse », précise Robert Wares.

Cet automne, des pêches expérimentales dans la rivière York et ses tributaires permettront aussi d’évaluer la santé des écosystèmes aquatiques. Ces travaux sont faits avec le support des chercheurs de l’Institut National de la Recherche Scientifique (INRS).

Des échantillons d’eau additionnels seront aussi prélevés dans la fosse du Mont Copper à partir de la surface jusqu’au fond de la fosse, soit à 180 m de profondeur. Il est aussi prévu d’échantillonner les sédiments au fond de la fosse. Ces informations permettront de connaître la qualité de l’eau en fonction de la profondeur dans la fosse et aidera à planifier le dénoyage afin de minimiser l’impact sur la rivière York et sa population de saumons.

Plus de cuivre que prévu

 

Dans sa mise à jour de mai, Métaux Osisko a dévoilé plusieurs données intéressantes à propos de son projet d’exploitation du cuivre à Murdochville. Tout d’abord, plus de 99 % des matériaux ont été reclassés de la catégorie des ressources présumées à celle des ressources indiquées.

Dans le milieu, les ressources minérales sont subdivisées par ordre croissant de degré de confiance géologique : ressources minérales présumées, indiquées, puis mesurées. Autrement dit, le degré de confiance a monté d’un cran.

Qui plus est, en 2022, les estimés indiquaient que le gisement du projet Gaspé Copper contenait 1,41 million de tonnes de cuivre, contre 1,47 million aujourd’hui. Il s’agit d’une augmentation de 4%.

Autre fait intéressant : les sous-produits. Des quantités non négligeables de molybdène (180 millions de livres) et d’argent (28 millions d’once) ont été évalués grâce à des forages récents de 38 000 mètres. L'entreprise n'avait pas été en mesure de se prononcer sur cse sous-produits précédemment. « C’est quand même très significatif. Ensemble, ça va ajouter un autre 25% aux revenus bruts de la mine. Ça c’était la bonne nouvelle. C’est une amélioration assez nette », expliquait en mai Robert Wares.


Par ailleurs, ce sont 11 forages d’exploration qui ont été complétés au Mont Needle, totalisant environ 2 600 mètres. Aucun forage n’y avait été fait depuis près de 55 ans, en 1970. « Nos modélisations théoriques indiquent un bon potentiel pour une mine à ciel ouvert. On va voir ce qui entoure la fosse, mais c’est vraiment un projet d’exploration », nuance Robert Wares.

Une des prochaines étapes sera maintenant d’augmenter d’un autre degré de confiance les ressources minérales, pour les faire passer d’indiquées à mesurées. « On est confiant d’être capable d’améliorer les teneurs du centre du gisement avec les prochains forages. Tout avance très bien à notre avis », conclut le chef de la direction et président du conseil d'administration.

La décision finale de rouvrir ou non la mine est toujours attendue pour 2029. Une consultation publique se tiendra le 10 septembre à Murdochville où seront partagées toutes les informations les plus à jour.

Rivière York

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Le dénoyage de la fosse Copper vers la rivière York est à l'étude présentement afin de ne pas nuire à l'écosystème.

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