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24 juillet 2024

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Nouvel écusson et don d’une Grande Hermine

GASPÉ

Écusson Musée de la Gaspésie

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Le nouvel écusson en bois réalisé par Marc Perreault, apposé à la réplique de la croix de Jacques Cartier, sise derrière le Musée de la Gaspésie.

Il y a 490 ans aujourd’hui même, le vendredi 24 juillet 1534*, Jacques Cartier plantait sa célèbre croix de 30 pieds de haut à Gaspé, prenant « possession » du territoire au nom du roi de France et marquant de manière symbolique le début du fait français ainsi que celui de la grande fresque canadienne.

Pour marquer le coup, le Musée de la Gaspésie a inauguré ce matin le nouvel écusson en bois réalisé par leur collègue Marc Perreault, apposé sur la réplique de la croix originelle sise derrière le bâtiment, d’où l’on peut admirer le blasonnement français de l’époque avec ses trois fleurs de lys d’or. L’écusson précédent s’était détérioré au fil du temps.

« Ça représente une très grande importance de notre histoire régionale et nationale […] Il marque la destinée d’un pays en choisissant le sol de Gaspé pour y poser le geste d’appropriation territoriale de ce présumé Nouveau Monde au nom de son roi François 1er », explique l’historien Jean-Marie Fallu, tout en remettant les choses en contexte selon la perspective des Premières Nations, dont les Mi’gmaq qui sont présents dans l’Est du Québec depuis 8 000 à 10 000 ans.

Vicky Boulay

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

Vicky Boulay, conservatrice au Musée de la Gaspésie.

L’érection de cette croix en 1534 – geste d’appropriation – a tout de même son importance. Jacques Cartier est à la fin d’un périple de 10 jours et constate que des pêcheurs sont déjà présents à Percé à un endroit qui porte le nom de Cap Pratto, laissant croire à une présence espagnole dès ce moment. La croix « pourrait donc indiquer l’intention, chez l’explorateur, de signifier l’annexion de ces terres au royaume de France aux yeux des obligés de la Couronne espagnole qui campent tout près », dixit Martin Mimeault dans son ouvrage Jacques Cartier – 1534. Un regard contextualisant sur un récit de voyage du XVIe siècle.

Le Malouin a depuis longtemps été imbriqué à l’histoire de Gaspé, en témoignent le Festival Jacques-Cartier dont la première mouture a eu lieu en 1975, le monument à son honneur près du Musée de la Gaspésie ou encore la croix en granit érigée en 1934 pour le 400e anniversaire de sa plantation, aujourd’hui présente au Berceau du Canada. « Cette croix qui a été plantée il y a 490 ans, c’est un geste qui va marquer à tout jamais notre histoire et celle des Premières Nations qui habitaient déjà sur le territoire », résume la conservatrice Vicky Boulay.

Don d’une Grande Hermine

 

L’institution a aussi reçu en don une maquette de la Grande Hermine, le navire amiral de Jacques Cartier lors de son deuxième voyage au Canada en 1535 (ses écrits ne permettent pas de savoir sur quel navire il est venu une première fois en 1534). Le galion de trois mats, jaugeant entre 100 et 120 tonneaux, armé de 12 canons, a été mis à sa disposition par le roi François 1er, puis lui a été donné en 1536.

La maquette a quant à elle été commandée par Serge Joyal et réalisée par Luc et Lynda Leclerc. L’œuvre minutieuse mesure 86 cm de hauteur pour 102 cm de longueur et 21 cm de largeur. Elle a été fabriquée avec des lamelles de bois et reproduit tous les détails de la construction, donnant aux visiteurs une idée précise des navires utilisés par Jacques Cartier lors de ses explorations.

Serge Joyal, ancien sénateur, juriste et collecteur d’art réputé, a aussi fait don de plusieurs autres artefacts tels qu’une médaille commémorative en vermeil frappée à l’occasion du 400e anniversaire de la venue au Canada de Jacques Cartier à la Monnaie de Paris, ou encore la reprise par une association patriotique rassemblant les jeunes Canadiens français des discours prononcés lors de l’assemblée « Hommage à Jacques Cartier » le 22 janvier 1934.

« Ça démontre comment l’image de Jacques Cartier a été récupérée par différents groupes et différentes époques pour promouvoir des idéaux variés, allant de l’unité nationale à la ferveur religieuse. Il était un personnage peu connu avant d’être élevé au rang de héros national au courant du XIXe siècle afin de légitimiser la présence française en Amérique du Nord. Les différents documents et objets que nous possédons n’évoquent pas seulement les grands accomplissements du navigateur, mais on peut voir la création d’un récit national et comment cette image est utilisée pour atteindre ces desseins », analyse Vicky Boulay.

Cette nouvelle maquette rappelle par ailleurs la « Bataille de la Grande Hermine », lorsqu’une réplique grandeur nature avait été créée en 1967 pour l’Exposition universelle de Montréal. Il avait été décidé que celle-ci soit installée ensuite à Québec après l’événement. À Gaspé, un comité s’était créé pour la présenter à Gaspé. En vain. La réplique a été détruite au début des années 2000, vétusté oblige. Mince consolation, le Musée de la Gaspésie en conserve aujourd’hui deux ancres.

*Pour être exact, comme le rappelle l’historien Mario Mimeault dans Gaspé au fil du temps, Jacques Cartier a planté sa croix le 24 juillet 1534, mais selon le calendrier romain utilisé à l’époque. Le calendrier grégorien qui a toujours cours aujourd’hui a été adopté en octobre 1582 dans la chrétienté. Le rattrapage chronologique donne plutôt le 14 août 1534.

Grande Hermine

©Jean-Philippe Thibault

La maquette de la Grande Hermine se retrouve au centre d’archives du Musée de la Gaspésie.

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