Éolien : pour une stratégie manufacturière québécoise

Au début des années 2000, lors de la naissance de l’industrie manufacturière éolienne québécoise, les généreux crédits d’impôt offerts ont mené à l’arrivée de plusieurs joueurs comme les usines de Marmen (tours et nacelles) et d’Enercon (tours) à Matane, ainsi que de LM Wind Power à Gaspé (pales). Fabrication Delta de New Richmond s’est aussi lancé dans l’aventure (tours et moyeux). La part de contenu régional exigé pour les futurs parcs éoliens – la Gaspésie, incluant Matane – variait alors entre 40 % et 60 %.

Une partie de cette expertise a cependant été perdue avec la fermeture d’Enercon et le ralentissement à presque zéro chez Marmen. Ce dernier continue tout de même à opérer à effectif réduit, ayant d’ailleurs reçu dans les dernières semaines des chargements d’acier. Fabrication Delta s’est tournée depuis vers d’autres secteurs d’activités. De cette filiale initiale, seul LM Wind Power continue d’opérer à plein régime. « On a vu aller des soubresauts sur les marchés mondiaux, mais l’usine de Gaspé continue de rouler. On a comme oublié que cette grappe industrielle existait dans les premiers appels d’offres québécois », ajoute Daniel Côté.

Plusieurs y croient

En février, de passage à Gaspé pour le dévoilement des nouveaux espaces de Nergica, le ministre de l’Énergie n’a cependant pas voulu ouvrir la porte à l’obligation d’un contenu régional minimal. « On veut augmenter le contenu québécois, il n’y a aucun doute », a précisé Pierre Fitzgibbon, questionné sur cet enjeu. Mais pas à n’importe quel prix et ni au détriment des règles de commerce international.

« Il ne faut pas que ça coûte 15 sous le kilowattheure. Il y a un équilibre à avoir entre le coût et le contenu local. Au Québec, un des problèmes qu’on a eu dans le passé, c’est qu’il n’y avait pas de prévisibilité. Plus on va pouvoir donner aux équipementiers de la prévisibilité, plus ils vont être ouverts à s’installer. Je pense qu’on va y arriver naturellement. C’est clair qu’on veut avoir le plus de travaux ici. Il y a aussi l’ingénierie, les services-conseils. De facto, les gens veulent travailler localement », expliquait-il.

Avec les grandes ambitions d’Hydro-Québec, qui veut notamment ajouter 10 000 mégawatts de nouvelles capacités éoliennes d'ici 2035, Nergica est aussi d’avis que la Gaspésie peut tirer son épingle du jeu, tel que le mentionnait récemment son directeur général Frédéric Côté lors du dépôt du projet de loi 69. Celui-ci abondait dans le même sens que le maire Côté et le ministre Fitzgibbon.