Celle-ci a convié les médias à une conférence de presse le 2 juillet, où elle a annoncé sa décision suite à une longue réflexion. Elle évoque notamment le climat malsain entourant les séances de conseil municipal, parlant d’harcèlement, d’attaques personnelles, d’agressions et d’intimidation, qui ont eu raison de son engagement. « Ces comportements inacceptables, et pas seulement ici à Percé, m’amènent à craindre pour le bon fonctionnement de nos institutions démocratiques », explique-t-elle.

Les périodes de questions, qu’elle a comparé à des rings de boxe, n’ont pas été de tout repos dans les derniers mois et les dernières années, alors que le ton était parfois acrimonieux, à la limite du supportable. Certaines insinuations avaient jusqu’à pousser l’élue à quitter précipitamment la séance du mois d’avril.

« Ce ne sont même pas de vraies questions. Ce sont des micro-agressions qui sont répétitives. Un moment donné, quand ça touche la famille, ça devient complètement inacceptable. Certains se plaisaient dans ce théâtre. Ça doit changer. Les autres paliers de gouvernement ne se confrontent pas comme ça directement au public », explique Cathy Poirier, rappelant que les citoyens qui veulent avoir des réponses à leurs interrogations peuvent le faire à tous les jours ouvrables à l’hôtel de ville, que sa porte leur a toujours été ouverte et qu’il n’est pas nécessaire d’attendre une captation vidéo pour se montrer en spectacle. « La période de questions c’est l’endroit pour aller se battre, chialer, revendiquer et désinformer. On fait augmenter la grogne. Ce n’est vraiment pas agréable. Aujourd’hui, ça n’a plus de raison d’être », ajoute-t-elle.

Dossiers clivants

 

Plusieurs grands dossiers entérinés par le conseil municipal de Percé ont été renversés pendant l’absence de la mairesse, qui n'a pas siégé lors des séances de mai et de juin. Le conseil municipal a récemment décidé d’arrêter le processus d’appel dans le cadre de la redevance touristique, ainsi que de mettre un frein au projet de rue commerciale du Piémont, qui consistait à lotir des terrains dans la rue menant au Géoparc.

Des membres du conseil ont opté pour abandonner ce projet et refusé la vente de trois terrains supplémentaires, ce qui en aurait fait faisant un projet rentable pour la Ville, indique Cathy Poirier. « Il m’est maintenant impossible d’endosser les décisions prises par le conseil municipal. »

Elle dit par ailleurs ressentir une grande tristesse et être extrêmement déçue de la suite des événements qui ont mené à sa démission. Rappelons que des enquêtes sont en cours à Percé, notamment par l’UPAC et sur de possibles manquements aux règles du Code d’éthique et de déontologie applicable aux élus de la Ville de Percé.

L’ex-mairesse dit ne pas craindre les conclusions des enquêtes, au contraire. « J’ai la tête haute envers les enquêtes qui s’en viennent, que je salue. J’ai hâte d’avoir les résultats. Je n’en ai aucunement peur […] Je les ai accueillies avec satisfaction, parce qu’il était temps qu’il y ait une enquête. »

Un grief avait aussi été déposé en mars au nom des employés syndiqués de la Ville de Percé pour dénoncer leur climat de travail. Cet événement en particulier a mené au début de processus de réflexion menant à sa démission.

« Mais maintenant, avec les nombreux départs, les employés en arrêt de maladie et le climat nocif au sein de l’hôtel de ville et du conseil municipal, je suis forcée d’admettre que je n’y retrouve ni ma place, ni à quelques exceptions près, mes collègues », précise-t-elle, en ajoutant tout de même quitter avec le cœur empli de souvenirs précieux, de belles rencontres et de fierté.

Une élection devrait avoir lieu pour trouver un nouveau maire puisque les élections municipales se tiendront dans plus d’un an, soit en novembre 2025. Cathy Poirier était en poste à la mairie depuis 2017. Rappelons que le maire précédent, André Boudreau, avait lui aussi remis sa démission en 2016, en compagnie de cinq conseillers municipaux. Le tout survenait suivant un référendum perdu à propos d'un règlement d'emprunt de 1,77 million de dollars pour la construction d'une rue commerciale. La Ville de Percé avait ensuite dû être mise sous administration provisoire puisqu'elle n'avait plus le quorum du conseil municipal.