13 septembre 2023

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Partager sur les réseaux sociaux

©depositphotos.com

Cette dernière se situe dans la réserve faunique des Chic-Chocs à environ 15 km de Murdochville, près du lac Sohier, sur un plateau surélevé formé par les monts Copper, Jacques-Cartier et McGerrigle.

Une usine d’embouteillage était projetée à Sainte-Anne-des-Monts, avec à la clef une trentaine d’emplois. À l’époque, le projet était évalué à 31,7 millions de dollars. L’entreprise indiquait avoir déjà investi deux millions alors que 200 000$ avaient été reçus en subventions. Chic-Chocs Ressources avait reçu une autorisation de prélèvement de 10 ans de la part de ce qui était alors nommé le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP). Il était initialement prévu que l’usine soit construite et opérationnelle en 2013.

Dans un document préparé par l’entreprise dès 2007 à l’intention du MDDEP, la pureté de l’eau « exceptionnelle » était citée – se comparant notamment aux eaux en bouteille Fiji et Evian – et l’exploitation commerciale prévoyait utiliser jusqu’à 120 à 150 millions de litres annuellement. La majeure partie aurait été utilisée pour de l’eau en bouteille, soit entre 80 à 120 millions de litres. La balance aurait servi pour produire du jus, de l’eau gazéifiée et même des bières de microbrasserie. Une pompe aurait permis de doubler, voire de tripler cette capacité de cueillette d’eau. Sauf que depuis plusieurs années, c’est le silence radio.

©depositphotos.com

L’exploitation commerciale prévoyait utiliser jusqu’à 120 à 150 millions de litres annuellement.

Quid aujourd’hui?

 

Deux ans après l’annonce en grande pompe du projet Isabella, le maintenant disparu journal Transgaspésien faisait le point avec le président de Chic-Chocs Ressources, Dominique de Pasquale, qui affirmait alors que le projet était toujours au calendrier, mais que l’échéancier avait été repoussé à 2016 en raison d’un financement qui restait à boucler et d’autorisations gouvernementales qui tardaient à être obtenues.

Peu d’autres mentions ont fait surface depuis dans l’actualité. Le Conseil de l’eau du Nord de la Gaspésie avait notamment levé un drapeau rouge en 2016 à propos de l’acceptabilité sociale d’un tel projet d’embouteillage.

En novembre 2022, le site Web de l’entreprise était toujours en fonction et des partenaires financiers semblaient être recherchés. Devant cette situation, Ensemble pour l’avenir durable du Grand Gaspé avait fait part de ses inquiétudes pour l’environnement et dénonçait le fait qu’une entreprise privée puisse faire des profits à partir de cette ressource commune. Aujourd’hui, le site Web de l’entreprise mène à une page d’erreur.

Rejoint par le Gaspésie Nouvelles, Dominique de Pasquale s’est montré très peu loquace à propos de son projet, confirmant tout de même que le projet était toujours d’actualité. « Il y a un retard effectivement dans certains rappels, mais on va le faire il n’y a pas de problème. On a certains retards, mais oui c’est toujours en vie. »

Pas d’autorisation

De son côté, le ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) confirme qu’une autorisation ministérielle a bel et bien été délivrée le 19 avril 2012 à l’entreprise Chic-Chocs Ressources pour l’aménagement et l’exploitation d’une installation de captage d’eau souterraine. Celle-ci n’était cependant valide que pour 10 ans, donc jusqu’en avril 2022.

« Aucune demande de renouvellement de cette autorisation n’a été déposée au ministère. De plus, aucune nouvelle demande d’autorisation ministérielle n’a été déposée à la direction régionale concernant ce projet. À cet égard, aucune autorisation n’est donc en vigueur pour ce projet », explique par courriel Ghizlane Behdaoui, conseillère en communications et porte-parole régionale au MELCCFP.

Pour plus d’informations, Dominique de Pasquale a plutôt demandé à l’auteur de ces lignes de transmettre ses questions par courriel. Les deux courriels envoyés à l’intention de Chic-Chocs Ressources le 11 novembre 2022 et le 18 août dernier sont cependant restés lettre morte. Difficile d’en savoir davantage dans les circonstances, sauf qu’après 11 ans depuis l’annonce publique du projet Isabella, plusieurs doutent qu’un jour il puisse vraiment voir le jour.