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Retour13 juillet 2023
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
Mobilisation pour la sauvegarde du phare de Cap-des-Rosiers
CAP-DES-ROSIERS

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Le phare de Cap-des-Rosiers a été reconnu comme Lieu historique national le 11 juin 1973.
Une centaine de personnes dont plusieurs représentants d’organisations touristiques locales et régionales étaient réunies ce matin au pied du phare de Cap-des-Rosiers pour dénoncer le laxisme d’Ottawa dans son entretien.
Pêches et Océans Canada (MPO), le propriétaire, a annoncé hier que l’intérieur de l’infrastructure ne serait plus accessible aux visiteurs pour une durée indéterminée, évoquant des considérations de santé et de sécurité. Le ministère était sur place dès 7 h ce matin pour clôturer le phare, qui fête cette année son 165e anniversaire. Le site lui est toujours accessible avec ses visites virtuelles et ses guides-interprètes.
« Le but premier c’est de soutenir notre comité de bénévoles, qui travaille toute l’année à organiser des belles activités. Je trouve ça scandaleux », lance d’emblée la conseillère du quartier #3 de Gaspé, Charlie-Maude Giroux Bossé. Celle-ci demande au MPO qu’il procède à l’évaluation de l’infrastructure le plus rapidement possible pour que les visites puissent reprendre.
Selon les premières estimations de Pêches et Océans Canada, le phare pourrait cependant être condamné tant en juillet qu’en août, le temps de compléter les inspections et d’apporter les correctifs nécessaires. « Ça fait trop longtemps que ça traîne et les coûts augmentent de plus en plus. Il faut que le dossier soit pris en charge et que des solutions soient apportées », ajoute Charlie-Maude Giroux Bossé.
En 2017, un rapport d’inspection évaluait à 6,5 millions de dollars la réfection complète du phare. Aucune étude plus à jour n’a été faite depuis. Le député de Gaspé, Stéphane Sainte-Croix, lui-même originaire de Cap-des-Rosiers, était également sur place pour donner son soutien comme citoyen et comme politicien. « Bien évidemment on a un petit pincement au cœur aujourd’hui de voir l’état du phare. Comme député, je suis préoccupé par l’état des lieux et l’absence d’une feuille de route pour sa préservation et samise en valeur. On va essayer d’avoir un dialogue avec Mme Lebouthillier [Diane, la députée de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine] pour voir la suite des choses. On s’engage à établir un dialogue pour participer activement à la restauration. » La députée et ministre n’était pas en mesure de commenter pour le moment pour des raisons familiales.

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Une des fissures observables au phare de Cap-des-Rosiers.
Rappelons que le phare de Cap-des-Rosiers avait été placé sur la liste des phare excédentaires en 2015, mais en a été retiré en 2021. Le conseil d’administration du Site historique maritime du phare de Cap-des-Rosiers l’ignorait jusqu’à tout récemment et n’avait pas été avisé. « Peut-être qu’ils [le MPO] ont une intention de le restaurer, mais on ne le sait pas. La clôture est mise pour une durée indéterminée », se désole Lucie Bergeron, trésorière et porte-parole du groupe. L’organisation à but non lucratif gère le site grâce à une poignée de subventions et du bénévolat. Elle s’occupe notamment des menus travaux comme la peinture et la tonte de pelouse. Les entrées dans le phare sont leur principale source de revenus. Entre 30 et 40 visiteurs par jour font l’ascension des 122 marches du plus haut phare du Canada, soit entre 7000 et 8000 par année.

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Lucie Bergeron, trésorière et porte-parole du Site historique maritime du phare de Cap-des-Rosiers.
« C’est notre plus grosse entrée d’argent et on l’échappe en ce moment. Les gens veulent visiter le phare. C’est une page d’histoire. C’est comme fermer un musée. C’est l’emblème de la Gaspésie, mais ça appartient à tous les Canadiens. C’est notre patrimoine, dont le gouvernement ne veut plus s’occuper », rajoute Lucie Bergeron, visiblement émue par la vague de soutien de la communauté.
Quant aux travaux de réfection, si des fissures sont observables à plusieurs endroits sur la structure du phare, celles-ci n’ont visiblement pas augmenté depuis plusieurs années selon Lucie Bergeron, qui y œuvre depuis 2013. En 2017, des travaux de réfection avaient dû être faits d’urgence. L’intérieur de la structure avait été condamné pendant 16 jours, de la fin juin à la mi-juillet.
« Je me bats pour le phare depuis 2013. On a envoyé des pétitions, on a écrit aux ministres pour sa pérennité. C’est un attrait touristique incontournable. On a besoin de tous les appuis possibles. Qu’il soit cédé à Pierre, Jean, Jacques; on s’en fout, mais au moins que sa restauration soit faite. Le MPO nous dit qu’ils n’ont pas d’argent pour investir dans le phare, mais on peut en trouver et ça se transfère d’un ministère à l’autre. Ils peuvent en assurer la pérennité, mais est-ce que l’intention est là? », conclut avec émotion Lucie Bergeron.
L’idée de transférer cet actif d’un ministère fédéral à l’autre, de Pêches et Océans Canada à Parcs Canada – qui opère déjà le parc national Forillon dont l’entrée routière est située à quelques centaines de mètres – n’a jamais vraiment été considérée en haut lieu, ni l’idée de définitivement remettre à neuf cette infrastructure majeure qui a été reconnue comme Lieu historique national le 11 juin 1973.
Le maire de Gaspé a quant à lui qualifié la situation « d’aberrante » et « d’insultante ». À noter en terminant que le phare a été clôturé ce 13 juillet, la Journée québécoise des phares.

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles
Une centaine de personnes se sont réuni ce matin au pied du phare de Cap-des-Rosiers.
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