Économique
Retour10 juillet 2023
Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca
Fort-Prével passe à des intérêts privés
SAINT-GEORGES-DE-MALBAIE
©Photo tirée de la page Facebook de Fort Prével
Le site comprend 13 chalets, un motel de 16 chambres, des chambres en pavillon et un camping de 28 sites.
Les 87 membres de Fort-Prével réunis dimanche ont voté à l’unanimité – sauf une abstention – pour entériner une promesse d’achat de la part du Groupe JGS.
Spécialisé dans le domaine de l’hébergement et de l’hôtellerie, le Groupe JGS dirige notamment le Concorde et l’hôtel Universel à Québec, ainsi que le camping de luxe Aztec en Floride. L’entreprise s’engage à investir 5 millions de dollars lors des cinq prochaines années afin de consolider les acquis.
La vente est quant à elle chiffrée à 1 million de dollars. Relance Fort-Prével, comme organisme à but non lucratif, réinjectera l’ensemble de cette somme dans la mise à niveau des installations. Pour chaque chantier, elle contribuera à 20% des travaux alors que le Groupe JGS déboursera la balance. Un comité de suivi sera aussi mis sur pied, qui comprendra les mêmes membres que le comité stratégique qui a négocié les termes de cette entente. Éric Duguay, le président du conseil d’administration de Relance Fort-Prével, ainsi que les administrateurs Évangéliste Bourdages et Gilles Pelletier en feront partie.
« On veut s’assurer que les choses se fassent selon le plan de match. C’est une garantie qu’on se donne tout le monde et c’est sécurisant. On va rester encore dans le giron de Fort-Prével, mais surtout en suivi de projet maintenant », explique Gilles Pelletier, qui agit également comme porte-parole.
Dans l’immédiat, Relance Fort-Prével continuera d’opérer le site et assurera la transition par la suite. « Ce n’est pas le temps de chavirer tout ça en pleine saison. Graduellement les responsabilités vont changer de mains pour arriver à une prise de possession totale peut-être à l’automne », précise Gilles Pelletier.
Les cinq millions de dollars qui seront injectés par le Groupe JGS se collent au plan d’affaires qui avait déjà été développé par Relance Fort-Prével, qui avait ciblé une première phase de cette hauteur pour revamper les installations. Une clause de l’acte de vente protégera par ailleurs de façon permanente le parcours de golf et les fortifications de la Deuxième Guerre mondiale.
« On s’engage à ne pas altérer les fortifications. Au contraire, on veut les mettre en valeur et les rendre accessibles. On a des belles idées pour avancer. Le golf est un attrait touristique majeur qui a récolté des bonnes notes au fil des ans. Il sera maintenu de manière intégrale », explique le porte-parole, gestionnaire et coactionnaire des actifs du Groupe JGS pour l’Est-du-Québec, Jean-François Fortin.
Environ deux millions de dollars seront investis dans les deux prochaines années pour revamper l’ensemble des hébergements. Les travaux les plus importants se feront à l’automne pour ne pas déranger les vacanciers estivaux. « Dans la prochaine année, essentiellement ce sera la requalification des hébergements actuels : l’auberge, le deuxième étage du bâtiment principal, les pavillons, les chalets, le camping, précise Jean-François Fortin. Un motel inutilisé présentement parce que l’eau pénètre dans la toiture doit être démoli. L’autre doit être amélioré. À ça vont s’ajouter des emplacements de camping. Présentement, les saisonniers occupent pratiquement la quasi-totalité des places disponibles. On veut que les touristes puissent venir séjourner. »
Une zone récréative sera aussi aménagée derrière l’auberge, où avait jadis lieu une piscine. Des jeux d’eaux, une piscine ou d’autres structures pourraient voir le jour. « Tout camping digne de ce nom, tout lieu d’accueil qui a la prétention d’offrir une expérience complète doit avoir des installations qui permettent aux familles d’en profiter. Les activités nautiques en font partie. On va clarifier ça dans la prochaine année, mais on est clairement dans une optique de développement [...] Fort-Prével a un haut potentiel de développement. On va être content de faire de nouveau rayonner ce site qui à mon avis est un joyau », ajoute Jean-François Fortin. Des améliorations pour le drainage du terrain de golf sont aussi dans les cartons.
©Site Web de la municipalité de Sainte-Flavie
Jean-François Fortin
Tenir le flambeau bien haut
La Sépaq a géré les opérations de Fort-Prével jusqu’en 2015, moment où elle a annoncé qu’elle s’en retirerait. Le déficit d'exploitation de leur dernière année d’activités a été de 750 000$, avec un déficit accumulé de 17 millions de dollars en 30 ans. Un comité de relance a repris les rênes l’année suivante pour la somme symbolique de 1$ et a maintenu à flot le site depuis.
Le Groupe JGS lui a procédé à plusieurs acquisitions dans les derniers mois dans l’Est-du-Québec, que ce soit le complexe hôtelier le Gaspésiana à Sainte-Flavie, le centre de thalassothérapie Aquamer à Carleton-sur-Mer, le Club de golf Boule Rock à Métis-sur-Mer ou plus récemment le Grand Hôtel de Baie-Comeau, sur la Côte-Nord.
« On aimerait à terme offrir des forfaits qui permettraient aux gens de se faire accueillir avec différentes haltes dans nos installations. On est dans une optique de planifier ce qui pourrait être un circuit avec une offre qui permettrait de vivre une expérience. On est dans ce mode-là et le développement de la Gaspésie est une priorité pour nous », précise l’ex-député bloquiste.
Pour Relance Fort-Prével, qui a tenu les rênes de l’endroit pendant sept ans et dont les demandes de subventions n’étaient jamais assurées, cette conclusion est peut-être le meilleur scénario possible. L’offre du Groupe JGS faite en février était non sollicitée.
« À l’époque, notre objectif était de faire vivre Fort-Prével avec des stratégies axées sur des subventions, mais avant qu’on puisse aller chercher 5 millions en financement de tout acabit, ça peut prendre encore beaucoup d’années, analyse Gilles Pelletier. Ça fait déjà 8 ans qu’un groupe de citoyens s’est formé pour sauver Fort-Prével. La meilleure solution était peut-être un promoteur privé. On est aussi confronté à des limites de programmes qui font en sorte qu’on ne s’en serait pas sortis à court et moyen terme. On se questionnait aussi sur le long terme. Ça prenait une injection d’argent importante. Fort-Prével aurait probablement été confronté à une difficulté financière dans les années à venir. En bout de piste, c’est la meilleure des choses qui est arrivée. L’objectif ultime est d’assurer la pérennité de Fort-Prével au fil des prochaines années. Aujourd’hui on arrive à un résultat qui est satisfaisant pour tout le monde. »
Il est d’ailleurs plutôt rare qu’un OBNL cède des actifs de la sorte à un privé; il s’agirait peut-être d’un cas d’espèce au Québec selon les deux parties.
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