Alexina change de mains

Avant son temps

En 2006, l’offre alimentaire était loin de ce qu’elle est aujourd’hui. Les palais étaient moins aiguisés et les clients moins enclins à la découverte. Alexina arrivait en Gaspésie pratiquement 10 ans avant le nouveau souffle qui balaie maintenant la scène agroalimentaire locale.

« Il n’y avait pratiquement rien comme ça à l’époque. Je suis allée chercher en ville des produits haut de gamme qui n’étaient déjà pas facile à vendre là-bas. Les touristes étaient étonnés de tout avoir ces produits au même endroit. Les gens ici ne réalisaient pas vraiment », lance en souriant Marie-Lyne Berthelot.

Plusieurs ont d’ailleurs douté qu’elle puisse survivre avec son idée d’épicerie fine et de repas gourmets. « Au départ, tout le monde me décourageait au point que je n’en parlais plus. Mais j’ai une tête dure et j’y croyais. Ç’a n’a pas été facile et ça n’a pas été aussi vite que j’aurais voulu », admet-elle.

Cuisinière de formation, ayant étudié à l’École de la restauration et du tourisme à Gaspé avec en surplus une formation de 11 semaines en France, l’entrepreneure a pratiquement toujours œuvré dans ce domaine, sa famille ayant une autre institution qu’est le Coq d’or, juste en face.

« J’ai toujours aimé la cuisine et les produits fins. À un moment, je suis tombée malade suite à mon premier accouchement et j’ai été obligée de devenir végane, ce qui m’a amené à connaître autre chose et devoir acheter mes produits à l’extérieur. C’est là que je me suis dit que si j’en avais besoin, il devait y en avoir d’autres. C’est comme ça que c’est né. »

Travail de bureau, réception des marchandises, commandes, service au table, cuisine : les journées n’ont jamais été de tout repos et les semaines de dur labeur sur sept jours se sont accumulées au fil des ans. « Ce n’est pas facile, il faut que tu aimes ça et que ça te coule dans les veines. Disons que je n’ai pas eu beaucoup de temps pour moi et mes enfants. Je m’étais donné jusqu’à mes 50 ans. Je ne rajeunis pas. J’étais proche, mais une opportunité s’est présentée. C’était le temps de quitter le navire », conclut-elle.

Marie-Lyne Berthelot a déjà d’autres projets en tête qu’elle devrait annoncer sous peu, mais peut tout de même avancer qu’elle continuera de travailler à Grande-Rivière, dans un tout autre domaine. Chose certaine, elle continuera de faire partie du tissu social et économique de la municipalité.

Bientôt L’Îlot

De leur côté, Billy Bastien et Guylaine Dubois se disent heureux de prendre le relais et saluent l’apport indéniable de Marie-Lyne Berthelot dans le paysage gaspésien. « On reçoit déjà des appels de gens qui ont beaucoup de questions sur les produits qui seront encore là ou pas. On voit à quel point elle était ancrée dans le milieu. Ce sont de grandes chaussures à porter mais nous sommes cinq à les partager », lancent-ils en chœur.

« C’est une institution à Grande-Rivière qui a changé le visage alimentaire de la région petit à petit. Marie-Lyne a mis plusieurs choses sur la carte ici qu’on lui doit. Ç’a été une éducation culinaire qui a changé la donne », ajoute Billy Bastien.

L’établissement servira d’ailleurs de cuisine principale pour un autre projet. Ce qui était jusqu’à tout récemment une buanderie à Percé, tout juste à côté de la Savonnerie Poussière D’Étoile, deviendra une épicerie fine avec prêts-à-manger santé et certains produits spécialisés comme du sans gluten.

L’établissement sera baptisé L’Îlot, à l’image de cet espace de cuisine autour duquel la visite converge immanquablement. Les travaux de conversion ont démarré le 5 avril et devraient s’échelonner pendant deux semaines. Billy Bastien, Thomas Minguez, Shandy Beaudin, Guylaine Dubois et Éric Noiseux sont aussi derrière ce projet, qui sera ouvert à l’année.