Carrières Avis de décèsÉdition Électronique Infolettre

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Économique

Retour

08 novembre 2022

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Le projet de lien maritime vers Anticosti et la Côte-Nord est relancé

RIVIÈRE-AU-RENARD

Lien Maritime Fox

©Jean-Philippe Thibault - Gaspésie Nouvelles

La desserte maritime en Gaspésie se ferait à partir de Rivière-au-Renard.

Le Port de Havre-Saint-Pierre a déposé la semaine dernière auprès du ministère des Transports et de la Mobilité rurale son projet de navette fluviale entre la Côte-Nord et la Gaspésia, via l’île d’Anticosti.

L’organisme à but non lucratif profite des plus récentes élections afin de relancer ce lien maritime attendu depuis longtemps. « La population le souhaite depuis plus de 30 ans et ça fait consensus des deux côtés du Saint-Laurent », lance d’emblée Odessa Thériault, la directrice générale du Port de Havre-Saint-Pierre.

Selon le plan, la desserte quotidienne s’arrêterait à Rivière-au-Renard, Port-Menier et Havre-Saint-Pierre pour une période d’opération minimale de 160 jours par année, de juin à novembre. Le navire de type roulier (Ro-Ro) serait usagé et pourrait accueillir jusqu’à 350 passagers, entre 55 et 65 voitures et entre 10 et 15 camions pour le transport des marchandises. Le secteur privé est aussi sollicité par l’entremise de Groupe Océan qui agit à titre de partenaire-conseil.

Le traversier pourrait partir de Havre-Saint-Pierre pour rejoindre Port-Menier en environ 7,5 heures, où il s’arrêterait en escale pendant 4 heures avant de rejoindre Rivière-au-Renard en 5 heures. Le lendemain, le chemin inverse serait effectué.

Le gouvernement de François Legault est aujourd’hui invité à soutenir financièrement les opérations et à participer à la mise à niveau des installations portuaires à même les programmes existants. « L’aide gouvernementale espérée sera largement compensée par les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux qui en découleront. Ce faisant, le gouvernement démontrera sa confiance envers les initiatives de développement issues des régions », souligne le préfet de la MRC de Minganie, Luc Noël.

Une question de services

 

En 2020, la CAQ avait dit non à ce projet de lien maritime entre les deux régions après qu’une étude faite par la Société des traversiers du Québec (STQ) ait démontré que cette solution s’avérait « très coûteuse et non optimale ».

Selon cette étude, le déficit d’exploitation aurait alors été de 7,8 millions de dollars pour la période 2020-2025 avec l’achat d’un navire usagé. Il s’agissait du scénario le moins dispendieux pour relier les deux rives et Anticosti. Sept ports avaient été ciblés dans les analyses. On estimait alors l’achalandage touristique annuel à 32 883 clients de 2025 à 2030.

Les élus municipaux des deux côtés du Saint-Laurent ont toutefois rappelé aujourd’hui que tous les traversiers sont déficitaires au Québec et que le transport ne doit pas uniquement être regardé par une lorgnette économique à courte portée. Le déficit pourrait être de 5 à 7 millions annuellement lors des premières années selon les plus récentes évaluations. Le caractère social du projet reçoit également un écho positif généralisé, selon maires et préfets, ce qui justifierait selon eux amplement la participation financière du gouvernement du Québec.

« La rentabilité des traversiers québécois se mesure par leur capacité à offrir la libre circulation des personnes et des biens et non uniquement dans une perspective comptable », indique le maire de Gaspé et préfet de la MRC La Côte-de-Gaspé, Daniel Côté.

« Tous les traversiers sont déficitaires et c’est pour ça qu’on a une société d’État. Il y a plusieurs choses qui ne sont pas chiffrables et quand on construit une route, on ne la regarde pas dans une perspective économique, mais parce qu’elle est nécessaire et desservir une population et utile pour le tourisme », ajoute Odessa Thériault.

Le lien maritime permettrait ainsi de créer une grande boucle qui relierait cinq pôles majeurs du plein air au Québec avec le parc national Forillon, le parc de la Gaspésie, le parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé, le parc national d’Anticosti et la réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan.

Selon Daniel Côté, le quai de Rivière-au-Renard pourrait d’ores et déjà recevoir les traversiers considérant que les rampes d’embarquement font maintenant partie intégrante des embarcations. « On ne pourrait pas recevoir un navire de croisière international, mais un traversier dans les dimensions souhaitées, oui on est aptes à le recevoir », conclut-il.

Rappelons que le Bella Desgagnés a brièvement relié les deux rives du Saint-Laurent entre 1994 et 1996, et ce six jours par semaine entre Rivière-au-Renard, Port-Menier, Havre-Saint-Pierre et Baie-Johan-Beetz, avant de tirer un trait sur cet itinéraire faute de rentabilité. Aux plus récentes élections provinciales, tant les citoyens de la circonscription de Gaspé que de Duplessis sur la Côte-Nord ont voté pour un député de la CAQ. Les deux étaient auparavant péquistes.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média