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14 septembre 2021

Dominique Fortier - dfortier@medialo.ca

Candidat local, parti ou chef : comment les électeurs orientent-ils leur vote?

ÉLECTIONS FÉDÉRALES

Bulletin de vote

©gracieuseté

Les électeurs auront à faire un choix le 20 septembre prochain.

Est-ce que les électeurs gaspésiens et bas-laurentiens voteront en fonction du candidat local, du parti politique ou encore du chef de la formation politique. On a posé la question à nos lecteurs dans le cadre de notre sondage maison.

Résultat : sur 162 répondants, 36 % des gens entendent voter pour le candidat local, alors que 33 % disent se coller davantage sur le parti politique pendant que 22 % estiment que le chef est l'élément principal à considérer. Finalement, 9 % des répondants, soit 15 personnes sur 162, n'entendent pas exercer leur droit de vote le 20 septembre prochain.

Afin de mieux comprendre ces résultats, on a posé la question à Jean-François Fortin, ex-député du Bloc québécois dans Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, d'y aller de sa propre lecture de la situation. « Une campagne, c'est un amalgame des atouts du candidat local et du programme du parti qui est porté par le chef. Souvent, les candidats auront tout avantage à profiter du rayonnement du parti qui a habituellement beaucoup plus de visibilité que le candidat lui-même. »

Toutefois, dans des régions comme la Gaspésie ou le Bas-Saint-Laurent, le candidat compte davantage dans le choix des électeurs en raison de son rayonnement dans le milieu. « Dans des grands centres urbains, les candidats sont plus anonymes qu'en région. On les voit sur les pancartes pendant une campagne, mais leur rôle n'est pas le même qu'en région », explique Jean-François Fortin. Ce dernier apporte l'exemple des services gouvernementaux qui sont davantage présents dans les grandes villes, ce qui n'est pas le cas dans plusieurs régions du Québec. Ainsi, le bureau du député local devient une porte d'entrée pour ces services et le député lui-même devient ainsi un accompagnateur pour ses concitoyens.

Jean-François Fortin

©Archives - Gaspésie Nouvelles

Jean-François Fortin, ex-député bloquiste.

Notoriété des candidats

Dans certains cas, des candidats sont plus populaires que leur parti. Jean-François Fortin pense immédiatement à Pascal Bérubé, du Parti québécois, dont sa popularité dépasse largement celle de sa formation politique. « De façon générale, un bon candidat peut aller chercher 5 % de plus aux intentions de vote de son parti. Mais dans de très rares cas, ça peut aller au-delà de 5 %. C'est le cas avec Pascal Bérubé qui obtient d'excellents scores parce que les gens estiment qu'il a fait ses preuves même s'ils ne croient pas que le Parti québécois soit le meilleur pour gouverner le Québec. »

À cet effet, le professeur en sciences politiques à l'Université Laval, Marc-André Bodet, explique cette notoriété est encore plus présente s'il s'agit d'un candidat sortant. « L'exemple de Pascal Bérubé me vient immédiatement en tête. Il a survécu longtemps dans l'opposition, ce qui renforcit sa notoriété auprès des électeurs », dit-il.

Un autre facteur qui explique pourquoi un candidat local a plus de résonnance chez l'électeur en région qu'en ville est la délimitation des circonscriptions. Ainsi, en Gaspésie ou au Bas-Saint-Laurent, les candidats sont bien identifiés selon le territoire qu'ils représentent tandis qu'en ville, où les comtés sont géographiquement plus petits, le candidat devient souvent un visage parmi tant d'autres dans l'espace médiatique. On peut aussi ajouter le fait que les grandes villes sont couvertes par des médias dits nationaux qui vont avoir tendance à couvrir davantage les chefs de partis et l'élection dans sa globalité plutôt que de mettre la loupe sur les enjeux plus locaux comme c'est le cas en région.

« L'existence de la circonscription comme réalité au quotidien pour les électeurs est beaucoup plus grande en région. En ville, il peut y avoir 40 mètres entre une circonscription et une autre, donc on ne retrouve pas cet attachement naturel », explique Marc-André Bodet.

Dans d'autres cas, des candidats tenteront de se rapprocher ou de s'éloigner de leur parti selon le degré de popularité de ce dernier. Marc-André Bodet donne l'exemple du débat des armes à feu où le NPD urbain se prononçait clairement pour un contrôle plus serré, ce qui mettait les candidats ruraux dans une position épineuse. Or, lorsque le parti bat de l'aile, il est plus facile pour le candidat de se distancer des positions de son part et demander ainsi aux électeurs de voter pour lui et non pour la formation politique. On peut aussi penser au cas d'Alexandre Boulay qui avait déclaré en début de campagne provinciale : « Si vous ne vous sentez pas à l'aise pour voter pour le parti, votez pour la personne. » Il aura presque gagné son pari.

Inversement, des candidats peuvent bénéficier de la vague de popularité de leur chef ou de leur parti comme ce fut le cas avec la vague orange en 2011, la vague libérale de 2015 ou encore la vague bloquiste de 2019. Pour ce qui est de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, même si le candidat local semble jouir d'un certain avantage, la fidélité de la région envers un parti ou ses valeurs semble indéniable comme en fait preuve l'élection en bloc de péquistes au dernier scrutin provincial. « Dans cette région, le rapport à l'identité québécoise est plus fort. L'enjeu nationaliste semble être plus présent là-bas qu'en ville. »

Finalement, Jean-François Fortin, s'inspirant de son expérience personnelle, croit qu'au moment de voter, alors que les partis semblent être au coude à coude, que les électeurs gaspésiens et bas-laurentiens se poseront la question à savoir qui est le plus en mesure de défendre les intérêts régionaux. « Souvent, on a l'impression que nous ne sommes pas compris des grands centres et des interlocuteurs à Ottawa. Alors, si les gens doutent encore à la toute fin, les votes indécis risquent d'aller vers le candidat qui est le plus fervent régionaliste; vers celui qui sera le plus capable de parler au nom de la région. »

Lorsque vous voterez aux prochaines élections fédérales, est-ce que vous ferez votre choix d'abord en fonction du parti, du candidat local ou du chef du parti?

Le parti                                                   33 %

Le candidat local                                   36 %

Le chef                                                     22 %

Je n'ai pas l'intention d'aller voter      9 %

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