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Retour05 mars 2020
Après 25 jours, la barricade de Listuguj est levée
BLOCUS FERROVIAIRE
©Photo Chaleurs Nouvelles - Roxanne Langlois
La majorité des médias a été repoussée à l'intersection de la 132 en fin d'après-midi.
Les membres de la communauté autochtone de Listuguj ont officiellement levé la barricade qui paralysait le transport ferroviaire sur la péninsule depuis 25 jours à 16h en fin d’après-midi. Les activités de la Société du chemin de fer de la Gaspésie (SCFG) devraient ainsi pouvoir reprendre au cours des prochaines heures.
Le directeur général de l’organisme qui opère le rail gaspésien, Luc Lévesque, s’est déplacé au passage à niveau où les manifestants s’affairaient, en fin de journée, à démanteler le camp de fortune érigé en bordure de la voie ferrée.
Il a expliqué aux médias présents que c’est le petit groupe qui a communiqué avec la SCFG en vue de prévoir la fin du blocus. Le contact a été initié à la suite de la levée de la barricade de Kahnawake. « Mon feeling, c’est qu’avec Kahnawake qui finissait, s’ils continuaient, ça n’avait juste plus de sens », croit M. Lévesque.
Les 72 wagons transportant 48 pales d’éoliennes produites à Gaspé et coincés à Nouvelle depuis plusieurs jours devraient quitter la Gaspésie dès ce soir, confirme la SCFG. Rappelons que l’instance a sans succès tenté, pour une deuxième fois, de faire passer ce convoi la fin de semaine dernière ; il devait initialement prendre le chemin du Texas le 13 février dernier.
Les douze jours de délai ont fait craindre le pire quant à la résiliation de cet important contrat de transport conclu avec General Electric. « À un moment donné, on a même cru que c’était fini. Je pense qu’on va être capables de rattraper le client, en partie du moins, mais ce n’est pas encore réglé. On va avoir beaucoup de conséquences à gérer dans les prochaines semaines », précise le gestionnaire.
Ce transport représente à lui seul quelque 100 000 $ en revenus pour la SCFG, qui estime avoir perdu plus de 500 000 $ depuis le début de la crise en Gaspésie. « Des pertes, ce sont des pertes, on va vivre avec. Ce qui m’inquiète, ce sont les conséquences futures du blocus sur notre volume d’affaires. Il faut qu’on redonne confiance à nos clients », ajoute celui qui dit ne pas s’attendre à des compensations gouvernementales.
Luc Lévesque estime par ailleurs que des discussions seront nécessaires avec la communauté autochtone de Listuguj ainsi que le ministère des Affaires autochtones afin de s’assurer qu’une telle situation ne se reproduise pas dans le futur. « On ne pourra pas revivre ça une deuxième fois, c’est sûr », admet Luc Lévesque sans détour.
©Photo Chaleurs Nouvelles - Roxanne Langlois
Reprendre le dessus
Luc Lévesque mentionne d’ailleurs que l’organisme est déjà en mode rattrapage. « Nos clients ont des clients qui sont en rupture de stock. Ils sont en train de les perdre eux aussi. Il va vraiment falloir mettre les bouchées doubles pour rattraper tout le retard et limiter les dégâts qui pourraient être occasionnés à long terme », explique le directeur général.
Environ 150 wagons chargés de ciment, de pales d’éoliennes et de copeaux de bois patientaient à différents endroits sur le rail au moment d’écrire ces lignes. La SCFG estimait d’ailleurs que quelques jours d’opérations seraient nécessaires pour « reprendre le dessus ». La SCFG comptait d’ailleurs rappeler au travail dans les meilleurs délais les 15 membres de son équipe qui ont été temporairement mis à pied le 21 février dernier, faute de travail.
Au moment de la levée de la barricade, la SCFG était en train d’aménager un nouveau centre de transbordement pour les copeaux de bois et le ciment à Matapédia en guise de plan B ; celui-ci devait être opérationnel dès le lundi 9 mars dans l’éventualité d’un maintien du blocus. Des équipements avaient déjà été transportés sur place.
Pas de commentaire
Rappelons que les manifestants ont pris d’assaut le rail à la hauteur du passage à niveau du chemin Gospem, à Listuguj, le 10 février dernier ; ils agissaient en soutien aux chefs héréditaires de la communauté autochtone Wet'suwet'en de la Colombie-Britannique qui s’opposent au projet de gazoduc Coastal GasLink prévu sur leurs terres ancestrales.
Ceux-ci n’ont pas voulu commenter la fin du blocus, mais ont indiqué à Radio-Canada avoir obtenu satisfaction. Les participants ne s’étaient d’ailleurs pas adressés aux médias dans les jours précédant la levée de leur barricade. La plupart des journalitstes n’ont pas non plus eu accès au lieu du campement afin de capter des images du démantèlement jeudi et ont plutôt été repoussés à l’intersection de la 132.
Commentaires
6 mars 2020
Septuagénaire de Québec
Et pendant tout ce temps, il semblerait qu'un sondage confirmerait une baisse dramatique de l'appui des canadiens au gouvernement Trudeau. Or, de par leur attitude, les membres de la communauté autochtone de Listuguj ont "scoré" dans leur propre but. En effet, par leur entêtement inexpliqué et inexplicable ils auront "tiré" sur leur meilleur allié ou fait mal à celui-ci sans raison aucune. Si un jour, que je crains, notre premier ministre Trudeau démissionne par écœurement de se sentir trahi par vous, ou encore si ce même gouvernement minoritaire se faisait renverser pour être remplacé par les Conservateurs il aura été trop tard pour regretter non seulement votre comportement mais je ne vois pas lequel des Conservateurs constituerait un allié foncièrement sincère et de bonne foi comme l'aura été Justin Trudeau .
7 mars 2020
louis-Martin
Septuagénaire a bien raison, et je me permettrai d'ajouter ce qui suit: Dans toute cette triste affaire des blocus autochtones, c'est en s'abstenant de l'usage de la force et de la violence -- ceci malgré et contre l'impatience et la toute la hargne des commentateurs "gérants-d'estrade-conservateurs-réactionnaires-simplistes" -- que Justin Trudeau a fait preuve du plus grand courage! Si les forces policières et/ou l'armée étaient intervenues, je n'ose imaginer où nous en serions rendus aujourd'hui!