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05 février 2024

Jean-Philippe Thibault - jpthibault@medialo.ca

Pêche au sébaste : Diane Lebouthillier veut apaiser les tensions

OTTAWA

Diane Lebouthillier

©Photo Chaleurs Nouvelles - Archives

Diane Lebouthillier.

La ministre des Pêches et des Océans a tenu à préciser lundi matin en point de presse que les récentes annonces entourant la pêche au sébaste ont été prises de concert avec les acteurs impliqués. Elle a aussi rappelé que les 25 000 tonnes de quota autorisé pour le moment n’étaient qu’un plancher qui pourrait être appelé à augmenter.

« Je vais être parfaitement claire. Le total autorisé des captures de sébaste n’est pas encore décidé et il ne le sera pas tant et aussi longtemps que le comité consultatif ne se sera pas penché sur la question et m’aura soumis ses recommandations », lance de but en blanc Diane Lebouthillier.

Celle-ci tentait de mettre le couvercle sur la marmite, à l’heure où plusieurs ont ouvertement critiqué le plan de transition pour les crevettiers et les pêcheurs de sébaste. La Coopérative des Capitaines Propriétaires de la Gaspésie (ACPG) et l'Association des pêcheurs de sébaste des Îles ont fait une sortie commune la semaine dernière, estimant que le plan de transition n’assurait en rien un avenir aux pêcheurs, que la réouverture commerciale pour le sébaste aurait dû se faire des années plus tôt et que la fort probable arrivée des bateaux-usines de plus de 100 pieds allait à contre-sens de leur vision d’un développement durable pour les communautés côtières.

La ministre répond que ce plancher de 25 000 tonnes n’avait que pour seul but de donner une certaine prévisibilité à l’industrie et qu’il ne s’agissait pas d’une fin en soi. « Au final les intervenants auront leur mot à dire. Si industriels de la transformation et de la capture, communautés autochtones et gouvernements provinciaux se mettent tous d’accord pour recommander plus de 25 000 tonnes, je suis parfaitement ouverte à leur octroyer. »

Grands navires et parts historiques

 

Diane Lebouthillier défend aussi sa décision d’offrir près de 60% des allocations de sébaste aux navires hauturiers de plus de 100 pieds. Elle indique que dans chacune des rencontres avec les ministres des provinces, tous avaient la même demande d’une pêche commerciale et le respect des parts de 1993, année précédant le moratoire au sébaste. « C’est exactement ce que la décision que j’ai prise s’est efforcée de refléter le plus possible. Pour le Québec, le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador et l’Île-du-Prince-Édouard, leurs parts ont non seulement été respectées, elles ont même augmenté », spécifie-t-elle.

La députée et ministre précise que la part pour les navires de 100 pieds et plus a fondu de 74% en 1994 à 59% aujourd’hui. « La décision annoncée la semaine dernière offre encore plus d’opportunités aux plus petits joueurs qui voient leur rapport de force considérablement augmenté depuis le moratoire. Tenter de prétendre l’inverse est faux […] Peu importe la taille du bateau, si ce bateau emploie des gens de chez nous, offre des opportunités au monde chez nous, ça crée des emplois chez nous, fait rouler l’économie et bénéficie à l’ensemble de nos communautés côtières. »

Par ailleurs, si la possibilité d’une pêche compétitive a été évoquée vendredi lors d’une rencontre du comité consultatif sur le sébaste, rien n’a encore été décidé non plus. À noter que ce comité se compose de représentants d’associations de l’industrie, de communautés et d’organisations autochtones, de gouvernements provinciaux et d’ONGE. La liste des participants compte plus de 200 noms, précise le MPO*.

« L’idée d’une pêcherie compétitive, c’est une des manières de gestion potentielle. Les décisions n’ont pas encore été prises. On travaille encore pour identifier les options », indique Adam Burns, directeur général pour la gestion des pêches au MPO. Peu importe la méthode, les crevettiers conserveraient leur part de 10%, assure-t-il, précisant comprendre que les délais sont courts. « On comprend qu’il faut prendre des décisions assez rapides pour que les pêcheurs puissent se préparer. »

Enfin, Diane Lebouthillier a réitéré vouloir faire une gestion durable des ressources halieutiques, se faisant rassurante pour ceux qui brandissent le spectre d’une surpêche. « Ce n’est pas vrai qu’on va vider le fond de la mer en 2024. Je vous le dis, il faudra me passer sur le corps avant de voir ça de votre vivant. Over my dead body. On ne réitérera pas les erreurs du passé […] J’invite tout le monde à la grande prudence, en évitant de tomber dans des raccourcis mathématiques faciles. Je sais que ce n’est pas facile actuellement, mais collectivement on a tous un rôle à jouer pour éviter d’envenimer inutilement la situation actuelle à coup d’envolées verbales et de suppositions. »

L’idée d’un rachat de permis de quota pour les crevettiers a par ailleurs été écartée. La date d'ouverture de la pêche au sébaste devrait en théorie se faire le 15 à l'image de celle des autres poissons de fond, mais le comité consultatif devra aussi se pencher sur cette question. Le MPO rappelle qu'une fermeture saisonnière à des fins de conservation était habituellement en place du 1er avril au 15 juin, en vue de protéger la reproduction du sébaste, de sorte que la pêche ne commençait pas avant le 16 juin.

* Une première version du texte écrite hier mentionnait que Pêches et Océans Canada n’avait pas fait suite à la demande du Gaspésie Nouvelles pour connaître la liste complète des membres de ce comité. La réponse est arrivée peu avant midi mardi et le texte a été ajusté en conséquence.

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